Ayoreo dans le rétro
Dans Apenas el sol (Nothing but the sun), Arami Ullón fait reposer l’entièreté de son documentaire sur Mateo Sobode Chiqueño. Celui-ci est membre de la communauté des Ayoreo et interviewe...
le 8 avr. 2021
Enregistrer les voix d’une culture précolombienne, telle est la mission du protagoniste de ce documentaire. Sa démarche est admirable, le film qui lui est dédié est plus convenu.
Dans ce documentaire, la réalisatrice paraguayenne Arami Ullón suit Mateo Sobode Chiquenõ, un membre du peuple indigène ayoreo investi d’une besogneuse mission. Equipé de ses cassettes audios et d’un magnétophone, Mateo parcourt la région aride du Chaco au Paraguay pour enregistrer les histoires et les chants d’autres Ayoreo. C’est pour lui une manière d’inscrire dans les mémoires les voix de son peuple, qui avant l’arrivée de missionnaires évangéliques dans les années 1960, vivaient dans la forêt, libres et nomades.
La valeur socio-ethnologique des témoignages recueillis par Mateo Sobode Chiquenõ est indéniable. Quelques décennies après leur sédentarisation et leur assimilation forcées, une grande partie des Ayareo rejettent leurs racines et leur culture tend à sombrer dans l’oubli. En filmant le travail de Mateo avec une esthétique rappelant le western, la réalisatrice permet non-seulement de mettre en lumière la problématique complexe liée à l’identité des peuples indigènes assimilés, mais également d’universaliser cette question. En effet, le parallèle entre ce qu’ont fait les colons au Chaco (assimiler la culture ayareo au christianisme, sédentariser un peuple nomade, provoquer des épidémies, privatiser des terres puis les exploiter jusqu’à épuisement des ressources…) et ce que notre civilisation fait endurer à la planète entière est évident. La mise en scène insiste sur les conséquences environnementales dramatiques de cette transition, avec ses images de terres arides, ses diaporamas sur d’innombrables cadavres d’animaux et sa conclusion sur une forêt ardente. Toutefois, ces tentatives de contextualiser la démarche de Mateo dans une perspective plus large ne permettent pas vraiment au film se détacher de son personnage et le condamnent à n’embrasser que le seul point de vue de Mateo. C’est un regard figé sur le passé qu’aucun contrechamps ou proposition vient agrémenter. Finalement, plus que le film, c’est la démarche du protagoniste qui est intéressante.
Créée
le 7 janv. 2022
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