Malgré un postulat malin et bien-vu, cette farce s’avère être finalement assommante et répétitive. Un casting prestigieux et beaucoup d’agitation pour pas grand-chose.
Cela fait une vingtaine d’années que le réalisateur Adam McKay se moque de l’American way of life. Tout d’abord avec ses comédies hilarantes, fantasques et impertinentes (Anchorman, Talladega Nights ou encore Step Brothers). Puis dès 2015, il adopte un ton plus sérieux mais toujours aussi critique avec un film sur la crise des subprimes (The Big Short) et la biographie du vice-président Dick Cheney (Vice) qui lui ont permis d’acquérir une certaine crédibilité (lisez des Oscars) auprès des pontes d’Hollywood. Fort de ces succès publiques et artistiques, il réunit donc dans Don’t Look Up une des distributions les plus prestigieuses de ces dernières années. Leonardo Di Caprio, Jennifer Lawrence, Meryl Streep, Cate Blanchett, Timothée Chalamet ou encore la chanteuse Ariana Grande se donnent rendez-vous pour ce qui s’annonçait être une métaphore de la réaction de nos sociétés faces aux futurs changements globaux : deux scientifiques découvrent qu’une comète géante va s’écraser sur la Terre d’ici les six prochains mois et pourtant personne ne semble vraiment concerné par ce qui s’annonce être la fin du monde.
Avec ce postulat bien-vu, Adam McKay et toute sa clique dégomment à peu près tous les maux qui gangrènent notre monde : le relativisme qui découle de l’infotainment, les fake news qui anéantissent la réalité scientifique, l’opportunisme des politiciens vulgaires et populistes, l’aliénation aux réseaux sociaux, les milliardaires transhumanistes mégalomanes obsédés par la conquête de l’espace, la surmédication de la population, les fractures qui empêchent le moindre dialogues audibles dans la société… Tout y passe. Le problème, c’est que trop souvent cette satire se moque de son époque avec la délicatesse d’un John Rambo muni de deux kalachnikovs. Ce qui est dramatique, c’est que la réalité exposée dans nos médias ne s’avère pas beaucoup moins ridicule que les excès présentés dans Don’t Look Up. Du coup, cette caricature de dérives évidentes n’est pas très drôle et carrément assommante. Malgré une vraie démarche dans la manière de filmer ses personnages, au plus près avec leurs visages en gros plans, pour rappeler que derrière la farce se joue bel et bien une tragédie, on ne s’attache jamais à cette ribambelle de rôles soit trop excessifs, soit pas assez développés.
Il n’y a que dans la dernière partie du film, quand ce dernier cesse de n’être que dans la moquerie cynique et qu’il déroule enfin un propos, qu’on entrevoit le grand pamphlet que Don’t Look Up aurait pu être. On ne peut donc que regretter que les auteurs n’aient pas mis plus l’accent sur leurs propositions plutôt que leurs dénonciations.