Le film a quelques bonnes idées mais ne parvient pas à trouver son équilibre entre la satire de la société et la grosse farce, ce qui le rend un peu indigeste.
On dirait qu'Adam Mc Kay veut être à la fois être dans la subtilité et le pince-sans-rire de Vice et The Big Short et dans l'excentricité de Légendes Vivantes ou Very Bad Cop, sauf qu'en voulant faire les deux en mêmes temps on se retrouve avec une pâte qui ne prend jamais et un gâteau assez fin mais où on tombe souvent sur des grumeaux mal cuits.
Vice et The Big Short avaient su dénoncer, pour l'un le néo-conservatisme (à travers Dick Chenney) et pour l'autre les excès de la finance, tout en réussissant à être passionnants, pédagogue et très drôles. Et c'est bien dommage que Don't Look Up ne prenne pas ce pli.
Ici tout est surligné encore et encore, jusqu'à plus soif. On nous répète tout le long du film qu'il faut écouter ce que disent les scientifiques (l'astéroïde, le changement climatique…), on nous montre bien que les politiques se fichent de tout ce qui est au-delà de la prochaine élection…
Tout cela est très convenu et assez facile. Il aurait été pourtant possible de faire un film sympathique de 1h30 un peu rythmé comme In The Loop, qui arrivait à critiquer de manière très drôle et réaliste l'entrée du Royaume-Uni dans la guerre en Irak, en dépeignant l'absurdité du fonctionnement de l'administration britannique.
Sauf qu'on a l'impression que le film veut absolument critiquer tout ce qui ne va pas dans la société américaine, ce qui provoque un enfoncement continu de portes ouvertes : le président est vulgaire et incompétent (une énième critique de Trump, dommage qu'il ne soit plus président, le film aurait été plus mordant), les médias ne veulent pas prendre de risque, les célébrités sont célèbres parce qu'elles sont célèbres, les gens paraissent sympathiques à la TV mais sont des pourritures dans la vie réelle, l'Amérique a un besoin infantile d'héroïsme, les républicains sont des cons, les GAFAM ont trop de pouvoir (et leurs patrons sont admirées alors qu'ils sont des psychopathes dépassés par leur hubris), les gros donateurs peuvent décider de la politique menée… et ça n'en finit jamais, pendant 2h20.
Et le film est extrêmement américano-centré : il n'y a que les Etats-Unis qui identifient la menace, et eux seuls sont capables de régler le problème (ce qu'ils ne font pas car ils sont dirigés par des ânes). Le film veut bien critiquer beaucoup de choses, mais il ne veut surtout pas remettre en cause l'unilatéralisme des Etats-Unis, comme si c'était le seul pays en droit et en capacité de gérer les affaires du monde.
Et je ne vois même pas l'intérêt de tout ça. Le film ne prêchera que les convaincus qui se flatteront d'être dans le bon camp, et les autres se diront que la ficelle est un peu grosse. C'est comme si les acteurs avaient simplement voulu se défouler à peu de frais (DiCaprio joue à l'écolo beau gosse, Meryl Streep se fout encore une fois de Donal Trump, Chris Evans fait la promo d'un film qu'il qualifie de "pur divertissement") : on est content de les voir s'amuser mais on aurait aimé qu'ils mettent cette énergie à construire un vrai film plutôt qu'un sketch de 2h20.
Et puis la fin est interminable, d'autant plus qu'on sait rapidement comment le film va finir.