Ce film a un très gros problème : il est très crédible. Oui, on aimerait bien s'illusionner, se dire que c'est exagéré, trop délirant, même que c'est impossible. Mais non, ce serait passé à côté d'un fait bien évident qui est tout simplement qu'on est tous des cons. Évidemment à des degrés plus ou moins graves. Reste que personne ne peut prétendre ne pas l'être un minimum ou alors c'est un con arrogant.
Sous l'influence référentielle sous-jacente de la crise sanitaire du Covid ainsi que sous celle du réchauffement climatique, le réalisateur Adam McKay met l'humanité face à la situation la plus extrême qu'elle puisse connaître, à savoir une comète qui va anéantir toute vie dans six mois et quinze jours. Une merveilleuse occasion pour chacun et chacune d'exprimer sa débilité la plus profonde, bien aidée par cette formidable chose appelée Internet, au sein d'un monde dans lequel le superficiel nique complètement l'essentiel.
Le protagoniste joué par Leonardo DiCaprio prévient de l'apocalypse à venir, le conseiller et accessoirement fils crétin (Jonah Hill, au top de sa forme !) de la présidente ne trouve pas mieux que de se moquer de la manière nerveuse de s'exprimer du lanceur d'alerte. La protagoniste incarnée par Jennifer Lawrence est ridiculisée par la toile entière parce qu'elle chiale et s'énerve facilement, n'en ayant rien à foutre de la pertinence de ses propos.
Il y a évidemment dans cette faune des êtres plus sensés que d'autres, en particulier nos deux personnages principaux (même si le masculin tombe un moment dans le piège des apparences, n'étant pas sans rappeler les scientifiques s'étant un peu trop pris au jeu des plateaux télés pour le corona !). Par contre, parmi l'"élite" des mondes politique, des médias, du show-biz (ah Hollywood, pas le dernier à se troller ; bizarrement, je soupçonne Ariana Grande de ne pas avoir eu trop à se forcer pour entrer dans son rôle !), seuls le narcissisme et la cupidité réussissent à atteindre les cimes de la stupidité. Meryl Streep s'en donne notamment à cœur joie en présidente semblant être une progéniture conçue par Donald Trump et Hillary Clinton, élevée par Sarah Palin. Mark Rylance est énorme en nabab lunaire, vide d'émotions et horriblement surpuissant, croisement entre Elon Musk et Steve Jobs.
Tout le monde s'en prend plein la gueule. Ce n'est que justice.
D'ailleurs, je ne suis même pas parvenu à voir en la planète anéantie, une fin malheureuse tellement on la mérite. C'est triste, en revanche, pour les autres espèces animales et pour la végétation.
Un mot de la distribution d'ultra gros malade de ouf ? Non, je vais éviter, car je risque de m'évanouir sous un incontrôlable orgasme cinéphile. Rien que d'écrire Leonardo DiCaprio, c'est déjà suffisant, alors aligner tous les noms, non, c'est au-dessus de mes faibles forces.
Petit point négatif : je regrette quinze-vingt minutes de trop (du fait de sous-intrigues à l'instar de l'adultère avec la présentatrice traînant en longueur ou de celle pas franchement utile des masses avec l'espèce d'anarchiste d'opérette joué par Chalamet !). C'est tout à l'honneur de McKay d'étendre ses séquences dans une époque où on a trop tendance à charcuter pour aller toujours plus vite, mais cela se fait sporadiquement au détriment de l'intensité en ce qui concerne la deuxième heure. Il n'empêche, la justesse dans la satire frappe sans ménagement, nous empêchant de décrocher notre regard de notre reflet.