Don't Look up est une grosse farce allégorique satirique aussi désespérante que désopilante qui dénonce l'incapacité de prendre des mesures face aux problématiques du changement climatique ou à tout autre danger dont les scientifiques pourraient nous avertir (Covid et autres maladies contagieuses, diminution de la fertilité humaine, sixième extinction massive des espèces en cours et perte de la biodiversité, appauvrissement généralisé des sols, problèmes relatifs à l'énergie,...)
Une farce qui dénonce la société du spectacle décérébrée permanente; la contagion de la bêtise qui se repend comme une maladie par réseaux sociaux interposés à coup de hashtags simplistes ou réducteurs et de meme à la con; l'aveuglement électoraliste des politiques ainsi que la veulerie et la servilité dont ils sont capables à l'égard de l'industrie, des puissants et des riches; la bassesse et la vacuité d'un journalisme qui ne s'intéresse qu'au paraître et au divertissement; l'impasse des solutions techno-scientistes fantasmées par des milliardaires lunaires et inhumains (Mark Rylance vole la vedette à un casting pourtant sacrément impressionnant dans le rôle de Peter Isherwell sorte de Steve Jobs, Elon Musk,... qui fait froid dans le dos); le nombrilisme de notre société constituée de huit milliards d'experts et d'influenceurs; la participation de certains scientifiques à cette mascarade; Hollywood se saisissant du sujet pour vendre un gros film catastrophe,... Tout y est.
Alors bien sûr, j'en entends qui disent avec des voix de débiles (vous m'excuserez, je ne peux pas faire autrement que leur allouer une voix de débile): " OuI, MAis, C'ESt trOP Le SYStèMe HollYWOOdien qui CrITIQue cOmMe DeS HYpOcritES et NEtflIX C DeS ViLAinS GEEEEUUUUUUH" utilisant le même argument imbécile qui dit que tu ne peux pas critiquer les smartphones si tu en utilise un et que si tu veux critiquer la société c'est uniquement à travers des signaux de fumée que tu auras fait dans le bois où tu t'es retiré, vêtu de vêtements fabriqués par tes soins en mâchouillant, recrachant et agglomérant des écorces de sapins!
Et ma réponse à ça est simple: allez donc bouffer du foin par ballots de douze!
Alors, oui, Don't Look Up n'est pas un chef d'œuvre du cinéma.
Oui, il y va avec des gros sabots! Mais n'est-ce pas l'idée même de la caricature et de la satire?
Et au vu de notre incapacité à saisir les enjeux importants depuis bientôt cinquante ans, la subtilité ne serait elle pas devenue un rien superflue, vu qu'elle semble perdue pour un trop grand nombre d'entre nous?
Alors oui, c'est gros, et la métaphore n'est pas parfaite si on ne la regarde que par la seule lorgnette du changement climatique (mais je crois qu'elle s'applique à pas mal d'autres choses).
Oui, ce n''est pas le meilleur film du monde et la horde cinéphile ne pourra pas se masturber en le regardant!
Mais l'acuité avec laquelle il dissèque avec un cynisme un peu attristé et souvent piquant notre civilisation de l'instant, du tout, tout de suite; notre société du paraître et du divertissement, notre société du spectacle chère à Debord, est assez imparable.
Il suffit de voir la réactions de scientifiques au film pour se rendre compte que la charge de McKay tape là où ça fait mal.
"En tant que climatologue faisant tout ce que je peux pour éveiller les consciences et éviter la destruction de la planète, c'est le film le plus juste que j'ai vu sur l'absence de réponse de la société devant la dégradation du climat. Don't Look Up capture la folie que je vois chaque jour" Peter Kalmus
"Cette métaphore nous enseigne que la fin du monde, ce n'est pas à cause de la météorite. On aurait pu s'en débarrasser ! La fin du monde est causée par le dysfonctionnement de nos institutions" Jean-Paul Vanderlinden
« Le film illustre aussi la manière dont, malgré eux, les scientifiques peuvent se retrouver instrumentalisés dans un storytelling politique, pour un intérêt spécifique, et non l’intérêt général. »
Valérie Masson-Delmotte
"Je suis passée du rire au sentiment d'être le point de pleurer, parce que ça sonne si juste. Ne pas être pris au sérieux, voire par moment être ridiculisé par la presse, voir les politiciens prêter parfois attention un moment puis perdre leur concentration, pour beaucoup d'entre nous c'était très évocateur de ce que nous avons vécus" Lisa Graumlich
"Tout ce que je sais de la manière dont fonctionne le cycle des nouvelles et des informations, les talk-shows, les medias sociaux et la politique font de ce film un documentaire".
Neil deGrasse-Tyson
Alors, même si j'aimerais conclure par la phrase bien connue de l'excellent John Brunner, auteur du célèbre Tous à Zanzibar et de The Sheep Look Up/ Le Troupeau aveugle qui dit: "Heureux ceux qui s'attendent toujours au pire, car ils seront exaucés", et même si cette citation cynique et défaitiste s'avèrera sans doute juste à l'avenir, je préfère espérer que cette gaudriole audiovisuelle parviendra peut-être, sait-on jamais, du fait de son statut de spectacle à impacter suffisamment la société spectaculaire, telle une petite comète, pour réveiller les consciences que la raison et la science ne parvenaient pas à éveiller jusque là, avant qu'il ne soit trop tard.