Spacio-drame
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Il y a un discours très fort dans Apollo 13 : celui d'un échec. C'est bel et bien de cela qu'il s'agit ici, un fiasco quasi total.
De prime abord, la première partie du film est irritante. Auréolée des deux dernières missions qui se sont posées sur la lune, les USA et la NASA s'assoient sur leurs acquis pour lancer cette nouvelle mission. Les astronautes ne veulent que vivre pleinement le rêvent américain, pour leurs familles et surtout pour eux même. Ils dégottent leur objectif sans trop se battre (à croire qu'il n'y que quatre ou cinq gars partant), s'entrainent vite fait et atterrissent dans la capsule. Le seul véritable moment émotion réside dans l'éviction ridicule du personnage de Gary Sinise, et la décision égocentrique de son équipe qui en résulte. Les techniciens ne sont pas sans reste, Ed Harris et son crew fument des clopes en plaisantant tandis que les trois gars décollent dans l'espace. Un moteur tombe en rade pendant le démarrage, c'est pas grave tant que les autres tiennent le coup. Dans le cosmos, les trois pilotes s'amusent comme des gosses à pisser dans l'espace et jouer dans leur capsule. "Houston, on a un problème", et ouais les mecs, c'était sur.
Ron Howard disloque dirigeants et astronautes (définis comme des pantins interchangeables) responsables par leur naïveté et leur laxisme. Il ne s'arrête pas vraiment à eux, mais vise véritablement son pays et ses habitants qui tournèrent le dos à la mission incroyable de l'humanité pour leur mode de vie capitaliste. A ce titre, la séquence où les astronautes filment leur quotidien dans la capsule, et en contre champ nous apprenons que toutes les chaines TV ont toutes refusé de diffuser leur aventure en dit long sur la perte d'intérêt du peuple américain. Tout comme ce technicien regardant un match de baseball, toujours sur ce petit écran, alors qu'il devrait surveiller le décollage de la fusée, ou bien lorsque Nixon demande la probabilité de perdre l'équipe spéciale; l'audimat et les retombées politiques face à la Russie sont les seuls éléments qui importent désormais.
C'est ce développement, entre les lignes, qui rend la partie "survie" du film aussi passionnante. Astronautes déchus ou non, techniciens, responsables, familles des pilotes se s'unissent pour le plus important: le retour à la maison des trois protagonistes. Peu importe, dès lors, que la mission ait foiré, la survie est le principal enjeux pour tous. Aidé par d'excellents acteurs et le score incroyable de James Horner, Howard insuffle assez de puissance à son récit pour en dépasser son statut de simple biopic catastrophe. Sa mise en scène oscille entre justesse ; quand Tom Hanks essuie la buée de la vitre de la capsule pour observer, non pas la lune (son ancien enjeu) mais la terre et son épouse qu'il veut rejoindre ; et efficacité, lors du décollage de la fusée. Le film n'évite pourtant pas l'écueil exaspérant d'une fin très "tirée d'une histoire vraie", à base de serrages de mains et de fumage de cigare, ainsi qu'un manque réel de tension dans son déroulement (ils allaient s'en sortir, c'était écrit). Pour autant, Apollo 13 impose le respect par son traitement bien plus intelligent qu'il n'y parait, et qui ne cache jamais sa critique d'un pays qui perd foi en lui même.
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Créée
le 20 nov. 2020
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