Rocky Balboa, John McClane, Max Rockatansky, Marty McFly, John Rambo, ce n’est pas parce que ces personnages emblématiques sont faits de chair et de sang que ça empêchera à un robot tel que Numéro 5, uniquement constitué de composants électroniques, d’avoir lui aussi droit à une suite de ses aventures. Deux années après Short Circuit, Numéro 5, rebaptisé Johnny 5, revenait dans Appelez-moi Johnny 5.


Humour, émotions, choc et philosophie


« Appelez-moi Johnny 5 », j’en aurai déjà choses à vous raconter sur lui. J’avais 6 ans lorsque je suis tombé sur ce film. A l’époque, j’étais capable de passer d’un petit dessin animé tout mignonnet à du gros film d’action où le sang coule à flot. Que voulez vous, l’appel de la curiosité ! La suite des aventures Numéro 5, on ne peut pas dire que je l’ai découverte dans de bonnes conditions la première fois. A croire que le destin m’amenait à chaque fois d’une manière surprenante vers des œuvres cultes chère à mon cœur de cinéphile. Ca n’a pas été un de mes plus beaux souvenirs. Tout du moins, à la première vision, et en replaçant tout ça dans le contexte de l’enfance où une image, un extrait un peu choquant peu vous marquer à vie (genre le générique cauchemardesque de l’animé de Beetlejuice). Il aura fallut que je débarque chez un voisin en train de regarder « Appelez-moi Johnny 5 » pour tomber sur la scène la plus horrible de ce film. Le genre de scène choquant n’importe quel gosse.


Cette scène, je vous laisse la découvrir, vous avertissant clairement qu’elle illustre la face obscure de l’homme, vous montrant à quel point il est capable de commettre les pires atrocités vis-à-vis de quelqu’un de différent. Cette seule scène, elle est bien là pour vous annoncer où vous allez mettre les pieds puisqu’Appelez-moi Johnny 5, prône la tolérance envers quiconque possédant une conscience. Des films de ce genre, peu importe qu’ils soient nombreux, on en a jamais assez. Seulement certains se ratent par manque de profondeur dans leur propos ou au niveau de l’écriture de leurs personnages. « Appelez-moi Johnny 5 » ne fera pas ses erreurs. Déjà, il part bien puisque notre tête d’affiche qui a troquée son canon laser pour une boîte à outils rouge à faire pâlir MacGyver, nous la connaissons déjà.


Dans cette suite de « Short Circuit », Numéro 5, parfaitement conscient qu’il existe, qu’il éprouve des émotions, tentera le tout pour le tout afin de se faire accepter, paraitre humain quitte à faire des erreurs ou se servir d’inspiration en lisant ses célèbres romans tels « Pinocchio » et « Frankenstein ». Johnny 5 est certes différent, il est une personne. Et pour vous dire à quel point ça le prend très à cœur, il ira jusqu’à reprendre à un moment « Le marchand de Venise » de Shakespeare en le remodelant de son point de vue. Au nom de quoi devrions-nous dire quel être mérite de vivre ou d’être traité de telle ou telle manière ?


Qu’est ce qui fait de nous des êtres vivants ? Cette phrase sonne comme un écho à « Short Circuit ». Cette thématique revient en grande pompe, prend de l’ampleur dans cette suite se focalisant dessus. Pas de panique, le fun, bien plus présent donnera un gros plus à notre suite soignée et tant pis si elle est bourrée de personnages caricaturaux.



Est-ce que tout le monde est traité de cette façon ?



Oui, cette « chose » est vraiment vraie


Un robot s’interrogeant sur sa place dans le monde tout en donnant un coup de pouce à un ami, une mini histoire d'amour, un braquage à empêcher, quelques références cinématographiques (« Shining » en fait parti), des petites scènes d’action dont une culte accompagnée d’une musique héroïque très connue des fans de musiques pop (« I need a Hero » ça vous parle ?), des moments dramatiques bouleversant, on a réussi à caser tout ça sans étouffer l’histoire principale.


Le drama se mélangera à la science fiction et à la comédie, comptant tout un tas de jeux de mots, situations rocambolesques bonne enfant. Bien entendu, les scènes les plus mémorables seront à voir du coté de Johnny 5. Mais nos nouveaux personnages ne vous laisseront pas indifférent.


Gros changement, Stéphanie et Newton, absents de cet opus, cèdent leur place à un personnage que vous connaissez déjà de « Short Circuit » : Ben Jahrvi, l’assistant et ami de Newton, toujours aussi délirant et qui galère pas mal avec la langue et les coutumes américaine (Fisher Stevens au top, son personnage obtient son passe droit pour une amourette mignonette). Ben et Johnny 5 partagent un point commun : être acceptés. Certains d’entre nous partageons cette envie. Difficile de rester indifférent à la solitude, l’abandon, le sentiment de rejet dont sont victimes nos deux personnages d’une bonté d’âme surprenante.


Aux cotés de Ben, un petit nouveau retenant toute notre attention, Fred Ritter, interprété par le talentueux Michael McKean, le nouveau pote de Ben, endetté, lâche, un peu égoïste, opportuniste et malhonnête sur les bords qui en surprendra plus d’un au fil de l’histoire. Film familial oblige, une femme intègre la petite bande : Sandy Banatoni (jouée par Cynthia Gibb), adorable commerciale tenace fraichement débarquée dans une entreprise de jouets qui ne laissera pas indifférent Ben.


Johnny 5, jamais on aurait pu imaginer s’y attacher autant. Les enfants avaient parfaitement raison de voir ce personnage comme l’ami idéal. Dans « Appelez-moi Johnny 5 », le robot plein de joie de vivre assoiffé de connaissance et aimant danser, aider son prochain, a gagné en humanité, s’interroge sur sa place parmi les hommes, tente de s’intégrer un peu plus dans une société lui tournant le dos à cause de son apparence de robot ménagé, véritable phénomène de foire bon à épater la galerie, condamné à passer de mode de la même manière qu’un nouveau jouet. Lorsqu’il croisera le chemin d’un gang de malfrats se servant de ses aptitudes et de sa naïveté, il devra surmonter une nouvelle épreuve, apprendre que chaque être vivant à sa part sombre.


Oui, Johnny 5 est le cœur, l’âme de notre film, une nouvelle raison pour certains êtres humains d’avoir honte de leur comportement. « Appelez-moi Johnny 5 » pousse à réfléchir, ne faisant qu’une simple constations sur l’évolution de l’homme perdant d’années en années son humanité à mesure que la technologie évolue, pendant que les animaux et ici, les robots, récupèrent le meilleur de ce que l’homme a été. Un monde un jour uniquement constitué d’animaux et de robots ? Et si toutes ces œuvres de fiction étaient visionnaires ?



J’ai une question : Pourquoi les humains ne m’aiment pas ? Ils
m’appellent quincaillerie.



Au final, plus profond, plus fun, plus dynamique, plus intelligent, plus émouvant, plus optimiste, techniquement plus soigné, un meilleur développement de ses personnages, Appelez-moi Johnny 5 surpasse en tout point son prédécesseur, faisant ressurgir tout plein de bons souvenirs d’une enfance où une simple histoire de robot voulant s’intégrer parmi les hommes suffisait à nous éblouir. Si vous cherchez une œuvre vous permettant d’échapper une petite heure et demie à votre quotidien, si vous aimez les films de robots, si Short circuit vous a plu, sa suite vous plaira tout autant.

Jay77
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le 1 mai 2019

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Jay77

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