Monumental. Du niveau de n’importe quel gros blockbuster, avec une tonne d’enjeux et de choix esthétiques en plus. En termes de qualité on se rend compte du professionnalisme sans faille qui semble presque naturelle dans la japanimation, quand elle s’en donne les moyens, ça tape fort et on en a plein la vue. Comment allier graphisme à l’ancienne, le vulgaire dessin classique, les images de synthèse et l’illusion numérique de la 3D ? En utilisant la motion capture, bien sûr ! Puis on travaille les textures pour que le rendu soit proche du trait dessiné, en inventant une nouvelle technique que tout le monde va essayer d’imiter. On arrive alors à une densité impossible dans un dessin animé normal, et une précision qui permet des détails de folie. C’est tellement évident à dire, que ça semble facile à faire. De vrais acteurs ont prêtés leur corps à de vrais personnages animés. Le résultat est plus que bluffant, on obtient une sorte d’hyperréalisme numérique, mais dessiné, visuellement du jamais vu, et l’effet est difficile à expliquer, ça se voit surtout. On a la bizarre impression que tout est vrai, que les plans architecturaux gigantesques sont vrais, que les personnages ont réellement une âme, sont vivants. Il faut dire que l’histoire suit, et c’est pour beaucoup dans le réalisme des situations. Comme souvent il est question de l’homme et de la machine, voire de l’homme-machine tout court, il n’y a plus de frontière, et la machine est souvent plus « humaine » que l’être humain, qui lui refuse pourtant toute humanité vu que c’est une chose créé à son image. Il est même question de la disparition pure et simple de l’espèce humaine, remplacé par ses bioroïds, clones parfaitement ressemblants, mais avec moins de défauts que les originaux de nature. Ça vole haut, sans compter un mecha design au top, et des scènes d’action qui doivent donner des cauchemars à Michael Bay. Par moments on plonge dans le sentimentalisme à la mode japonaise. Chez eux, tout est mêlé, et les moments de mélo sont là pour montrer que les machines aussi « peuvent » pleurer, que nous devons une empathie commune, envers nos « frères » qui ne sont pas de la même chair. On retrouve la pâte de l’auteur original de la BD, et même si l’action finit clairement par l’emporter, on file vers le divertissement, qui reste de haute volée car c’est pris au sérieux, fait sérieusement. La perfection plastique destine ce bijou aux amateurs du genre, ou aux néophytes qui vont découvrir et se régaler. C’est pour tout le monde en somme, c’est destiné aux petits comme aux grands. Pour les japonais, le dessin animé c’est du sérieux, ils nous l’ont déjà prouvés, ils nous le prouvent encore.