Est-il besoin de présenter Appleseed, œuvre mythique créée par Masamune Shirow (« Ghost in the shell ») ?
Chroniquer un tel film s’avère un exercice périlleux. Faut-il se placer du point de vue de la frange dure des amateurs de Shirow et froncer les sourcils en adoptant un air blasé ou bien plutôt de celui du spectateur lambda ?
Probablement un peu des deux, et c’est là la grande réussite de Shinji Aramaki.
Appleseed est un projet d’envergure comparable à « Ghost in the shell », mais ayant eu la malchance d’être retardé et réalisé bien plus tard. Mamoru Oshii est passé par là et le film ne bénéficie donc plus de l’effet de surprise ayant porté le chef d'oeuvre d'Oshii au rang de film culte.
En revanche, il arrive à point nommé pour faire oublier le piteux «Ghost In The Shell : Innocence» et la litanie philosophique de bazar dans laquelle Oshii s’était inexorablement englué.
Aramaki, attendu au tournant, réussit un grand écart stylé qui saura contenter presque tout le monde malgré une bande-son quelque peu naïve et sans relief.
« Motion Capture », « Toon Shading », le réalisateur nous livre ici un véritable cocktail technique, alchimie plus que recommandable, piochant parmi les meilleurs éléments visuels ayant fait le succès de « Ghost in the shell » ou « Final Fantasy ».
C‘est donc un feu d’artifice qui éclate sous nos yeux, 3D et 2D se mélangeant judicieusement, et surtout sans vouloir trop en faire.
C’est beau, c’est fluide, c’est soyeux, certains reprocheront un manque d’expressivité faciale de quelques personnages, mais uniquement pour le plaisir de chipoter…
Les scènes d’action sont époustouflantes, en particulier l'affrontement entre Briareos et trois cyber-tueuses que vous vous repasserez probablement au ralenti dés la sortie du film en DVD.
Les mechadesigners, eux, ont effectué un travail irréprochable.
Le film est visuellement un très bel hommage, réalisé par de vrais amoureux du travail du maître.
Au niveau scénaristique, c’est également un choix intelligent.
En effet, comment résumer Appleseed sur une durée aussi restreinte en respectant les fans mais également en invitant une nouvelle génération à s’y intéresser ? Pas simple…
Certains faits sont mis en lumière et expliciteront des zones d’ombre présentes dans l’œuvre originelle, d’autres seront sensiblement différents, le décor devant être dressé de façon claire et accessible au novice.
Les personnages seront légèrement édulcorés et un peu plus manichéens au passage, mais ça reste toujours au service du scénario.
Il n’y a donc pas de trahison à proprement parler, seulement un réel souci de satisfaire le plus grand nombre sans pour autant vendre son âme au diable.
Une chose est certaine, le spectateur néophyte n’aura qu’une seule chose en tête après avoir vu le film : se ruer sur les 5 volumes d’Appleseed disponibles chez Glenat.
C’est surtout ça la victoire de ce film, et Masamune Shirow le mérite amplement, en attendant la sortie d’une suite produite par John Woo et toujours réalisée par Aramaki.