La Présentation
Après la Pluie est un film tiré de l'avant-dernier scénario d'Akira Kurosawa, adapté par son assistant-réalisateur Takashi Koizumi avec Akira Terao, Yoshiko Miyazaki et Shiro Mifune (fils ainé de Toshiro qui est certainement inutile de présenter au vu de son passé avec Kurosawa) dans les rôles principaux.
L'histoire se déroule dans le Japon de l'ère Edo durant une tempête qui isole des voyageurs dans une auberge. Parmi ces voyageurs se trouvent Ihei Misawa, un ronin accompagné de son épouse Tayo.
Ihei excelle dans l'art de l'Iaijustsu (l'art martial du dégainement du sabre, discipline où Zatoichi est également maître) et du Kenjutsu (l'art du sabre, ces pratiquants se nomment Bushi et suivent le Bushido, la voie du guerrier), en dépit de cela, il n'est pas orgueilleux. Au contraire, il ira même jusqu'à se déshonorer pour nourrir ses compagnons d'infortune étant dans la précarité !
Un jour, alors qu'il empêche un duel inutile entre de jeunes samouraïs, le daimyo Shigeaki remarque Ihei et lui propose de devenir le maître d'armes de son fief. Cependant, le chemin est parsemé d'embûches, est-ce que Ihei arrivera à les déjouer ?
L'héritage de Kurosawa
Après la Pluie est un film faisant des parallèles entre plusieurs mondes pour avoir un récit aux nombreuses strates de lecture avec d'un côté le monde des seigneurs et celui de la précarité, où les seigneurs doivent faire preuve d'égoisme pour ne pas se faire piquer leur statut, tandis que les plus pauvres ont justement besoin de s'entraider pour survivre.
Le monde des samouraïs ayant un maître fait face au ronin, où les samouraïs ayant un maître sont désignés par le seigneur Shigeaki comme ennuyant, là où le ronin Ihei Misawa, est désigné comme rafraichissant et passionnant ! D'autant plus que ces samouraïs ayant un maître montrent également énormément d'hostilité à quiconque perturberait l'ordre qu'ils ont établi pour garder le pouvoir entre leurs mains ...
Le film parle également de la raison pour laquelle on accomplit un art, un métier ou toute activité, et du déshonneur que certaines tâches peuvent attirer, mais le film à la place de grossièrement pointer du doigt le mal de l'action, préfère opter pour la compréhension, et questionne la raison derrière un acte qui d'apparence est déshonorant, mais qui peut cacher la volonté d'aider autrui aux dépens de sa réputation ou de son ego !
La réalisation
Même si Takashi Koizumi ne montre pas le talent de Kurosawa au niveau du montage (en même temps certaines personnes qui l'ont côtoyé disaient de lui, qu'il était le meilleur réalisateur de la Toho, le meilleur scénariste du Japon et le meilleur monteur du monde !), rend hommage à son maitre de la plus honorable des façons en s'étant battu pour tourner ce film dont Kurosawa avait fini la préproduction !
Après, Kurosawa a eu le temps d'établir le storyboard incluant le découpage et les cadrages donc on à le droit a un film où je n'ai pas grand-chose à dire à part que c'est du sans faute !
Comme d'habitude avec Kurosawa contrairement à Kubrick, il n'a pas vraiment dans son style de caractéristiques tangibles (à part ses travellings où il se concentre sur une personne en arrière-plan entre des personnages qu'il fait déplacer en même temps que le personnage pour donner l'impression que ce qui est au premier plan bouge plus rapidement pour faire en sorte d'amener plus de dynamisme une fois que le combat est lancé et sa patte esthétique), mais plutôt une sensation par rapport à la puissance par le mouvement du métrage véhiculé par le découpage et normalement le montage, dont Kurosawa s'occupe, mais vu qu'il n'était plus, le montage est plus sage même s'il n'est pas non plus à la ramasse.
Les Acteurs
Akira Terao (qui avait joué Taro dans Ran) et Yoshiko Miyazaki ont eu relation qui amène beaucoup de chaleur à l'écran d'autant plus qu'il y a tout une évolution par rapport au personnage de Miyazaki qui se demande pourquoi son mari va se déshonorer entrainant une isolation par rapport aux autres personnes au sein de l'auberge.
Shiro Mifune quant à lui, n'a pas le talent de son père, ni son charisme et sa présence à l'écran (comme Takashi Koizumi, il est tombé face à un acteur qui déjà dans Rashomon, qui était l'un de ses premiers rôles, alterne entre rage, folie, rire narquois, calme, contemplation, badassitude, romantisme, etc. en quelques scènes que voulez-vous faire ?), il se débrouille bien, le côté sage bipolaire de son personnage lui donne de la nuance tout en permettant de facilement s'identifier, quoiqu'il occupe un poste à haute responsabilité.
Nous retrouvons également le grand Tatsuya Nakadai qui joue Tsuji Gettan, qui est un samouraï ayant réellement existé, et qui en quelques minutes à l'écran en impose et m'a rappelé le jeu que Nakadai avait dans Harakiri.
La Musique
La B.O. est composée par Masaru Sato, élève de Fumio Hayasaka, compositeur attitré de Kurosawa jusqu'aux Sept Samouraïs dû à la tuberculose qui emporta le compositeur ... depuis Sato s'est occupé de l'ensemble des B.O des films de Kurosawa jusqu'à Barberousse (il sera alors remplacé par Toru Takemitsu, compositeur attitré d'Hiroshi Teshigahara et Masaki Kobayashi).
Son style est inspiré des orchestres occidentaux avec des sonorités traditionnelles auxquels il apporte les avancées de l'Occident.
La Conclusion
En bref, Après la Pluie est un film qui aurait certes gagné à être réalisé par Akira Kurosawa, mais c'est difficile de bouder son plaisir face à autant d'humanisme et de bonheur de vivre qui se dégage juste de nos deux protagonistes !