Après la pluie par Anonymus
J'ai trouvé ce film absolument charmant de naïveté. Si on reconnaît bien sûr la griffe du maître, Koizumi ayant été l'assistant de Kurosawa sur nombre de ses chefs-d'œuvre, on ne peut s'empêcher d'être touché par la simplicité presque puriste de la narration, d'une linéarité parfaite : on suit le personnage principal d'un lieu à l'autre, rien n'échappe au spectateur de ses activités (sauf celles qui sont déshonorantes, comme participer à des duels primés) et rien n'est montré en-dehors de sa présence (ou si peu).
Il s'agit d'ailleurs presque de théâtre, tant la construction de l'action est belle et rationnelle. Les décors, en nombre limité, se succèdent avec rigueur ; on passe de l'auberge à la forêt, puis de la forêt au château, puis du château à l'auberge... Les personnages y effectuent leurs chorégraphies avec précision et conviction. Leurs expressions sont nettes, compréhensibles, justes, ce qui ne manque pas de leur conférer une certaine facticité, qui frôle parfois la froideur.
Pour y remédier, sans doute, Koizumi utilise la musique, de manière un peu étonnante. Une musique très occidentale, de violons sirupeux, qui ne détonneraient pas dans un drame hollywoodien des années cinquante. Certains mouvements de caméra, certains cadrages, sont au contraire très audacieux, ce qui rompt le lien de filiation avec Kurosawa. On obtient ainsi un film sans âge, extraordinairement lumineux, aux effets parfois peut-être un peu gratuits.
J'ai lu sur Wikipédia une interprétation bouddhiste (horriblement mal écrite), qui peut sûrement expliquer bien des choses. En effet, pendant le visionnage, on se doute qu'il doit y avoir un message derrière cette narration extrêmement simple, ces personnages et ces lieux symboliques, sans presque d'individualité. Dans tous les cas, les très beaux décors et quelques scènes de combat très chevaleresques valent le détour, même au premier degré.