Cette critique a été écrite pour le journal étudiant La Giclée, d'où son caractère irréverencieux, je vous invite donc à la lire en cliquant sur ce lien (avec des illustrations en plus).
IL Y A UNE PUTAIN DE REPRISE DE TOTO DANS CE FILM ! AFRICA PAR PUTAIN DE PITBULL ! AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH
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Excusez-moi je me suis emporté. Bon, Aquaman. Avant toutes choses, recontextualisons un peu le film. Donc, c’est un nouveau/enième (en fonction des points de vue) long-métrage qui s’inscrit dans le DC Cinematic Universe, principal rival du géant et adoré Marvel (oui adoré, quand un film fait un milliard de recettes en une semaine, et que les gens sont satisfaits, on peut dire que la firme est globalement adorée). Et si on veut trouver un mot pour décrire le DCCU, je pense que « laborieux » fonctionne bien. Suite au succès grandissant de Marvel, DC se lance dans la course aux super-héros en mettant à sa tête Zack Snyder, réalisateur de blockbusters aux esthétiques particulières, dont 300 et Watchmen. Tout content, le copain Snyder commence par reboot Superman avec Man of Steel en 2013, en donnant au kryptonien le visage d’Henri Cavill. La réception du film est assez frileuse, et trois ans plus tard, sort Batman V Superman : Dawn of Justice, qui sera plutôt moqué, parce que «oh mais c’est pas rigolo, et puis c’est sombre, et puis Martha… » (Ouais, j’aime bien ce film). La même année sort Suicide Squad, et non, ce film n’existe pas, hein, c’est de la merde, même s’il a gagné UN PUTAIN D’OSCAR PARCE QUE MARGOT ROBBIE PORTE DES COUETTES. AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !
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Excusez-moi une nouvelle fois. Du coup, en 2017 sort le bon, voire très bon film de l’écurie Warner, avec Wonder Woman, acclamée par les foules, comme par la critique, grâce à son équilibre entre sérieux et légèreté, une histoire bien ficelée et surtout son héroïne, qui impose une figure féminine forte, attachante, et pleine de belles valeurs. Du coup, non Evangeline Lilly, la Guêpe ne sera jamais une héroïne qui fera rêver les jeunes filles, Gal Gadot t’écrase tel l’insecte que tu es (Ant-Man et la Guêpe est une perte de temps et de neurones).
Fin 2017 sort le fiasco Justice League, handicapé par des problèmes de production énormes : Snyder quitte le tournage suite au suicide de sa fille, tournage qui sera confié à Joss Whedon, papa des deux premiers films Avengers. En résultera un film bâtard, d’à peine deux heures (soit bien loin du travail de la durée dont Snyder à l’habitude, lui qui voit les comics comme des fresques quasi-bibliques), entre trop sérieux, et humour de merde, aux CGI atroces.
A partir de ce moment-là, le DCCU commence à se noyer. Le calendrier des sorties n’a aucune logique, là où Marvel programme soigneusement trois films par ans, des films en production n’auront pas de lien avec le DCCU, comme le Joker avec Joaquin Phoenix. Bref, c’est mal barré.
Et en ce mois de décembre, sort l’homme qui parle aux thons, Aquaman. A titre personnel, je m’en bats royalement les couilles de ce héros, je n’ai aucune connaissance de son univers, des personnages qui évoluent avec lui etc (là où les jeux-vidéos/comics Batman m’ont éduqué sur le lore qui entoure le chevalier de Gotham). Par contre, je suis encore avec attention l’avancée du DCCU, à l’affût des bonnes voire excellentes idées qui peuvent en surgir. Et l’une d’elle fût le recrutement de James Wan pour réaliser ce film. Pour ceux qui ne le connaisse pas, James Wan est un maître de l’horreur, d’abord avec son premier film Saw, un excellent thriller psychologique, puis avec les deux premiers films Insidious (que je n’ai pas vu), et les géniaux Conjuring. Il s’est ensuite essayé au film d’action avec Fast and Furious 7, avant qu’on lui confie les reines d’Aquaman. Dans tous les cas, Wan excelle dans sa mise en scène, grâce à des mouvements de caméra compliqués et précis, qui permettent, selon les cas, à créer une angoisse totale au spectateur, ou à apporter une visibilité extrême aux scènes d’actions. Et ces scènes d’action sont l’un des points forts du film, en donnant l’impression d’être une évolution évidente du style de Snyder, dont le style visuel était marqué par l’utilisation ultra-fréquente de ralentis et de zooms dans l’image. Les coups pleuvent, les scènes ne sont jamais épileptiques, bref l’action est géniale. Ajoutez à ce travail une direction artistique inventive, pleine de couleurs qui dessinent un univers sous-marin important et aux designs multiples. En résulte alors des plans dantesques, qui écrasent les personnages comme le spectateur, dans ce « trop-grand » que forme les abysses. En outre, les choix artistiques suivent un choix « full-BD » (comics/mangas…) que certains trouveront kitsch (genre les armures qui ont l’air de sortir de Saint-Seya), mais que j’ai personnellement bien aimé, parce qu’elle rattache vraiment le film à son matériau d’origine, même si ça pique parfois un peu les yeux.
Mais ce délire full-BD a ses limites, notamment lorsqu’il commence à éclipser le scénario. Parce que bordel, que cette histoire est conne. Après nous avoir décrit les origines du personnage principal, on a le droit au récit classique du mec qui doit être roi, mais qui doit devenir roi pour sauver son peuple (et le monde entier, on est chez DC hein), parce que le roi actuel est pas très très gentil.
(EST-CE QU’AQUAMAN NE SERAIT PAS LE GILET JAUNE ULTIME EN FAIT ? PARCE QUE SON ARMURE EST BIEN BIEN JAUNE QUAND MÊME.)
Bref, c’est bateau, peut-être efficace, je ne sais pas je ne suis pas vraiment rentré dans le truc. Après, le récit se rattrape en permettant une variété d’environnement. Mais bon, y a aussi d’autres problèmes dans l’écriture, comme ces tentatives désespérées de faire de l’humour, humour si fade que la musique essaie parfois de l’accompagner, un peu comme dans un podcast de Norman, notre maître à tous. Et puis bon, je ne sais pas vous, mais pour moi, la tête de Jason Momoa ne m’évoque pas vraiment le concept du rire, mais me rappelle plutôt Daenerys Targaryen sodomisée devant le soleil couchant de Westeros (et désolé pour ça). En parlant de Momoa, les acteurs sont bons sans être ouf, avec la bonne surprise d’avoir dans son casting Willem Dafoe, qui, tel un Pokémon sauvage, est toujours là où on ne l’attend pas.
Bref, Aquaman n’est clairement pas un chef d’œuvre, même s’il fait le taff en tant que divertissement d’action simple. On notera aussi les scènes de batailles, plutôt dantesques. Mais bon, quand il y a un tel matraquage de films de super-héros, on pourrait s’attendre à quelque chose de plus profond. Alors, il y aura toujours Jean-Analyste qui me dira que « oui mais si tu regardes là, y a une métaphore de la vie et…. », ce à quoi je lui répondrais d’un air condescendant (parce que je le suis) « écoute mon p’tit pote, des fois faut pas forcer l’analyse, et prendre le film tel qu’il est, et dans ce cas un divertissement peut-être efficace mais sans profondeur. Ce qui est le comble pour un film qui passe 90% de son temps dans les abysses. » Personnellement, j’attends de voir Shazam qui a l’air à fond dans son délire, ainsi que l’interprétation du Joker par Joaquin Phoenix, histoire de voir si cet immense acteur peut rivaliser avec la performance d’Heath Ledger.
Allez, c’est tout pour moi. La bise.