Au sommet malgré la pression.

J'espérais sans trop y croire et pourtant le fait est là : j'ai adoré le film Aquaman.
Rien que sur le concept il avait tout pour apporter un vent de fraicheur aux films de super-héros encore très ancrés dans des environnements urbains. Les Gardiens de la Galaxie et Black Panther avaient su s'émanciper par leur patte visuelle issues de l'espace et de la savane; mais Aquaman avait le potentiel de se démarquer encore davantage du cinéma au sens large avec ses décors sous-marins. Car soyons honnête : combien de films exploitent ce type d'environnement ? Il y a quelques chefs-d’œuvre comme Abyss mais concrètement ça reste un milieu peu exploité en film, et pour cause : on estime que plus de 80% des fonds marins restent inexplorés. Il y avait donc un énorme potentiel de créativité... moyennant budget. La réputation du personnage n'étant pas des plus cotées, je doutais fortement que Warner Bros investisse suffisamment dans un film loin de susciter l'engouement d'un Batman ou d'un Avengers auprès du grand public. Mais ils l'ont fait, et James Wan a parfaitement su saisir cette chance pour déballer un trésor d'imagination visuelle :

Direction artistique et mise en scène n'ont rien à envier à Star Wars ou Avatar.

Le film est BEAU putain, et ça fait un bien fou d'avoir une telle explosion de couleur après une myriade de films DC qui semblaient avoir confondu écriture sombre pour le scénario avec filtre sombre pour la caméra. On a là une déferlante d'effets spéciaux qui donnent presque l'impression d'avoir eu le double du budget de Justice League ou Avengers (ce qui en soit est bien possible vu que le casting est composé d'acteurs solides mais sans l'aura de superstar et le salaire qui va avec).

De ce côté là on est d'ailleurs plutôt bien servi avec des acteurs principaux très impliqués dans leur rôles. Jason Momoa carbure dans son côté décomplexé bourrin dont je suis fan depuis Stargate Atlantis et Amber Heard donne vie à l'un des personnages les plus badass et sous estimé de l'univers DC. Patrick Wilson fait le taff dans son interprétation mais son personnage aurait gagné à être plus subtil (après tout, vu la déchetterie qu'on fait de l'océan, cette guerre contre la surface n'est pas si injustifiée et le personnage aurait pu être moins manichéen). Les acteurs secondaires sont également interprétés par un casting solide essentiellement composé d'anciennes stars qu'on voit moins aujourd'hui (William Dafoe, Nicole Kidman, Dolph Lundgren).

Pour ce qui est des noms connus, James Wan n'oublie pas ses racines tirées du cinéma d'horreur et se lâche complètement pour le passage de la fosse qui semble tout droit tiré du Cauchemar d'Innsmouth, l'influence d'H.P. Lovecraft se manifeste d'ailleurs clairement par un joli clin d’œil dès les premières minutes.

Côté scénario on a quelque chose de plutôt classique mais d'efficace, à l'image des vieux films d'aventure tels qu'Indiana Jones. Le tout n'est pas exempts de défauts et de petites incohérences mais rien qui ne vienne entacher l'immersion du spectateur malgré quelques niaiseries dont on aurait pu se passer. On passe un bon moment et le tout reste rythmé du début à la fin sans laisser le temps de s'ennuyer.

En somme, Aquaman est un très bon film de super-héros, de science-fiction et d'aventure. Qui fait son boulot côté scénario et brille royalement par son côté visuel. Je ne saurais trop recommander de le voir au cinéma.