Dans le noir

Encore un Nic-Movie au pitch intéressant et qui trompe sur la marchandise.

En effet, le postulat de départ est plutôt alléchant, surtout quand on regarde la bande annonce : une famille qui s'enferme dans sa maison tandis que des créatures gourmandes essaient d'entrer. Déjà le film commence par un homme fuyant une guerre civile : pas encore de monstre, mais l'occasion pour cet homme de trouver deux bébés qu'il va adopter par la force des choses. Ellipse. La petite famille recomposée vit dans une maison, les monstres sont apparus entretemps, ils grattent la porte chaque nuit.

On apprendra pas grand chose des monstres. D'un côté c'est bien. D'un autre, c'est un peu difficile à prendre comme ça car les auteurs nous en ont déjà trop dit avec cette guerre civile (on nous explique plus tard vite fait que les monstres sont apparus après la guerre civile mais on ne sait rien de plus, eux non plus). Pareil pour leurs compétences, on les découvre un peu au fur et à mesure, et il y a de bonnes choses, comme ce claquement de mâchoire et ces griffes qui peuvent s'allonger très fortement, mais en même temps on ne comprend pas bien à quoi ça sert, on ne voit jamais ces éléments en action, de même que lorsqu'on voit le père et le fils se bagarrer on croit comprendre qu'ils ne sont pas si dangereux que ça car ils parviennent à en repousser un paquet au pris d'un seul bras, impression qui se confirme un peu quand le monstre capturé attaque les deux frères, mais plus tard on comprend qu'ils sont plus coriaces que ce qu'on nous avait montré. Ils creusent le sol, oui, mais l'allongement de l'ongle, on ne comprend toujours pas.

Et d'ailleurs quand on découvre leur capacité à creuser le sol, on se demande pourquoi ils ne font pas plus de dégâts à la porte ; oui c'est griffé et abîmé, mais pas tant que ça alors qu'ils sont capables de pire (d'ailleurs le parquet est au moins aussi solide que ces portes de bois et il est ouvert, pas la porte. Ils sont montrés comme intelligents aussi par moment et puis à d'autres assez crétins. Enfin il y a la ferme des des Rose, vu le nombre d'ouverture, on ne comprend pas pourquoi ils ne les ont pas attaqués plus tôt et sur sol plutôt qu'en creusant des trous ; vu leur nombre et leur force, ils n'auraient fait qu'une bouchée des gardes et auraient vite percé ces fenêtres que les Rose ne prennent même pas la peine de fermer avec un volet... Enfin, on découvre que les créatures sont très sensibles à la lumière et pourtant... ils ne peuvent s'empêcher de foncer vers les habituations même quand ils savent qu'il y a de la lumière à l'intérieur. Autre anecdote, les montres ne vont que là où les hommes sont, pas là où ils ont été, ainsi on découvre avec surprise que l'atelier du fils (qui y va tous les jours) est intact.

Beaucoup d'incohérences, de choses pas assez réfléchies. Mais dans le déroulement ce qui est plus triste, c'est que l'on ne passe que la première nuit dans la maison, le reste du temps ça bouge sans que les autres lieux ne soient plus intéressants. Les résolutions sont un peu faciles. Les personnages sont intéressants mais l'auteur peine à exploiter les relations conflictuelles. Le sort du père, on le devine après 10 minutes de film ; on comprend bien qu'il est là pour les protéger, passer le relais et qu'à la fin il se sacrifiera pour eux, un sacrifice mal préparé car il anticipe bien avant les spectateurs qu'il n'y aura pas de place pour tout le monde dans le congélo... La fin est bizarre aussi, les auteurs font comme s'il s'agissait d'un nouveau départ avec de nouvelles opportunités... heu en fait, ils sont trois survivants (+ un chien) sans maison, ils doivent trouver un abris avant la prochaine nuit sinon les monstres les prendront pour cible ; ils ne savent pas si les autres maisons sont 'safe' ni si les habitants les accepteront. Ce n'est pas une fin heureuse mais le réalisateur semble ne pas l'avoir compris et fait passer l'idée que c'en est une.

La mise en scène n'est pas extra non plus. Des idées intéressantes, un casting sympa, des décors corrects, un monstre au design qui passe bien. Mais un découpage très mauvais durant les scènes d'action : c'est bien simple il est difficile de se faire une image mentale du monstre car on ne le voit jamais bien ; au début parce que c'est volontaire, dans la pénombre et tout, mais à la fin, juste parce que les angles de vue ne sont pas adéquats, d'ailleurs le cacher permet ainsi de minimiser les moches CGI or ici on découvre un monstre numérique moche, au claquement de mâchoire encore plus moche et à l'attaque groupée fun, mais trop bouillie numérique et mal filmée. Le passage où Cage s'explose le bras n'est vraiment pas clair, ni toute l'action qui précède. C'est vraiment dommage.

Le film n'est pas à jeter : il comporte quelques bonnes situations, des personnages intéressants, un monstre recherché, quelques idées visuelles sympas, des conflits, du suspense, un univers intéressant.

Bref, pas assez abouti et la mise en scène est trop maladroite.