Let's dance !
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D'abord producteur plutôt avisé de Guy Ritchie, Matthew Vaughn a signé ses talents de réalisateur avec un tiercé des plus gagnants. En effet, en enchaînant Layer Cake, Stardust : Le Mystère de l'Etoile et Kick-Ass, l'animal a assurément imposé sa patte.
Et explosé un peu plus encore à la barre du reboot de l'univers des X-Men, avec un Commencement aux allures de James Bond purement sixties, puis avec sa franchise Kingsman.
C'est dans cette droite ligne que semblait s'inscrire Argylle, en donnant un gage de confiance puisque Matthew Vaughn avait redressé la barre avec une Première Mission séduisante et efficace. L'univers du dernier né semblait par ailleurs faire de l'oeil à cette trilogie, du moins en en reprenant le thème de l'espionnage de manière périphérique.
Il s'agissait en effet tout d'abord de s'emparer d'un univers fictif sorti de l'imagination d'une écrivaine. Pour mieux le mettre sans dessus-dessous à l'épreuve de la réalité qu'elle avait vocation à influencer par son talent à la John Le Carré.
La première partie d' Argylle évolue donc comme un remake officieux de Night and Day en virant Tom Cruise du cadre, tandis que Cameron Diaz laisse la place à une Bryce Dallas Howard plutôt à son aise dans cette partie de l'exercice.
Les transferts qu'elle fait de son personnage de fiction sur un véritable espion dans le feu de l'action, sous l'oeil de la caméra de Matthew Vaughn, constituent une sucrerie de premier choix pour traiter les influences et le moteur créatif de l'artiste, même si c'est au prix d'une apparition pour le moins dispensable d'une Dua Lipa dont on se demande ce qu'elle fait là.
Et l'on pense que Argylle fera son job d'entreprise fun et décomplexée, comme avait su le faire le premier opus de Kingsman et dont l'ambiance y fait presque constamment une référence implicite.
Sauf que Matthew Vaughn lâche soudainement les rênes d'un film qui versera au fossé à mi-parcours en mettant brutalement fin à ce jeu de transfert pour mener de front une romance à l'eau de rose et un très mauvais roman de gare aux twists de plus en plus improbables dignes du retour de Colin Firth dans Le Cercle d'Or.
De quoi salement décevoir, tandis que seule la toujours parfaite Catherine O'Hara semble prendre son pied et que quelques habitués, comme Sophia Boutella et Samuel L. Jackson viennent faire coucou histoire sans doute de cautionner la chose et de résonner dans l'inconscient du fan de Kingsman, dont on reprendra un épisode multicolore qui ne marche absolument pas aujourd'hui.
Mais le plus désolant, c'est que l'on cesse de croire, sans aucun espoir de retour, au personnage principal du film, objet de pas mal de délires scénaristiques qui ne tiennent pas le coup à l'écran, jusque dans une séance de patinage artistique assez désolante, mais qui semblait plutôt fun, sans doute, sur le papier. Ecueil que Vaughn évitait avec malice, au pif, quand il faisait par exemple danser Raspoutine dans un combat endiablé ou quand il le faisait parler de ses perversions.
Au point de faire ressembler Argylle à un brouillon pas très abouti de la franchise chérie de Matthew Vaughn, qui semble avoir voulu se raccrocher à de l'immédiatement identifiable aux yeux du public. Sauf qu' Argylle confond le fun ou l'irrévérence de naguère avec le cool tout relatif et dévoyé d'aujourd'hui. Comme si son chef d'orchestre ne savait plus faire le tri dans les idées qu'il couche sur le papier.
De quoi rendre sacrément dubitatif pour la (les) suite(s), si vous voulez mon avis, comme la coupe en brosse d'Henry Cavill.
Behind_the_Mask, espion et demi.
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le 3 févr. 2024
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