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Argylle
4.9
Argylle

Film de Matthew Vaughn (2024)

Cela fait un moment que Matthew Vaughn tourne en rond. Il s’était imposé comme un cinéaste d’action énergique, suivant un cheminement parallèle à Guy Ritchie, avec son Kick-Ass, et en tant que sauveur de la franchise X-Men avec First Class. Mais dès le premier Kingsman, on retrouve les effets déjà présents dans l’adaptation du comic de Mark Millar. Et si cette première mouture était sympathique, les deux suivantes pédalaient déjà dans la semoule, alourdie par une écriture au ras des pâquerettes. Du dernier en date, sous forme de prequel aux aventures des espions de la table ronde, on ne retiendra qu’un combat folklorique avec Raspoutine et un croisé de lames sur un no man’s land du plus bel effet. Pour le reste, nada. Du coup, je n’avais aucune attente pour Argylle, dont les trailers laids laissaient présager du naufrage.


Car de cette repompe essorée de Knight and Day, que l’on espère initialement voir partir sur les pas de Stranger than Fiction ou Ruby Sparks, on ne sauvera rien. La scène d’action introductive donne le ton : Argylle sera moche, con, et sans une once d’originalité. On ouvre sur une poursuite en moto où les décors et les personnages de synthèse se mêlent dans une bouillie infâme à des incrustations indignes du 21ème siècle, et on colle un chat ignoble qui ferait presque oublier les bébés de The Flash. On sait qu’en général, ce ne sont pas les équipes techniques qui sont en fautes sur ce genre de ratés, mais plutôt les studios qui imposent des délais déraisonnables empêchant toute forme de texture d’émerger. Mais peu importe le responsable, une tâche est une tâche. On pourrait à la limite mentionner la scène du patinage en cuisine, fusil de Tchekhov lourdement armé en début de métrage, mais son parachutage au milieu d’une avalanche de poncifs et de lourdeur l’empêche de surnager.


Non content d’être laid, Argylle est également débile. La suspension consentie de l’incrédulité est balayée aux quatre vents dès lors que l’on veut nous faire croire que Bridget Jones peut se mouvoir comme Beatrix Kiddo. Les éléments de bascules scénaristiques sont rancis, tandis que les dialogues prétendument comiques ne font que surfer sur cette déferlante de mauvais goût référentiel et de clins d’œils appuyés (vous avez vu, y’a Sofia Boutella et Samuel Jackson, comme dans Kingsman!) qui hante Hollywood depuis quinze ans. Il n’existe donc aucune forme d’enjeu pour le spectateur, qui se contente de passer d’une scène insipide mal fagotée à une autre.


On dirait un film avec Ryan Reynolds.


Frakkazak

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