Rêve nostalgique d'une décennie oubliée ...
Un film qui ne laisse certainement pas indifférent, "Arizona Dream" fait parti de ces petites pépites des 90s, où le cinéma nous livrait des films singuliers et magiques, on part en voyage dès les premières minutes avec ce fameux morceau de Iggy Pop, quasi indissociable de l'œuvre de Kusturica (http://youtu.be/LqjktVjkrFk).
Johnny Depp y trouve là un rôle à sa mesure, sensible et torturé, il va se laisser mener par le bout du nez par ses deux femmes, mère et fille (Faye Dunaway et Lili Taylor) dans leur résidence perdue dans le désert poussiéreux de l'Arizona, il devra aussi faire face à son oncle (Jerry Lewis) lui prédisposant à une vie de vendeur de Cadillac qu'il n'aspire guère.
Un véritable conte onirique et délicieusement pessimiste sur la condition humaine, la mise en scène volontairement décalée de Kusturica interpelle et amuse par son ton parfois burlesque et symbolique.
On a aussi droit à un lot de mise en abîmes savoureuses du cinéma grâce au rôle de Vincent Gallo, entre l'interprétation de "Raging Bull" dans le vieux cinéma de quartier où celle de "La Mort aux Trousses" lors du concours, des clins d'œil très amusants et inoubliables.
La maîtrise technique de Kusturica est bluffante, avec un véritable soucis du cadrage et de la photographie, en bon chirurgien de l'image il magnifie certaines séquences pour nous immerger dans un rêve mystérieux et dépaysant. Le film garde en substance sa part de mystère, Kusturica préfère nous conditionner à son cinéma et à son univers si particulier, il privilégie une forme séduisante à un fond un peu trop complexe et presque impénétrable, il n'échappe pas à certaines petites longueurs mais on peut allègrement les excuser tellement la maîtrise frôle la perfection.
"Arizona Dream" reste parmi les classiques des années 90, une expérience gravée dans notre mémoire de cinéphile gardant le souvenir nostalgique d'une époque où les films pouvaient créer du rêve.