Avec la fondation de The Walt Disney Company India en 2004, la boîte aux grandes oreilles affirme sa volonté de dominer le marché indien pour un bon bout de temps notamment par la créations de filiales, de chaînes et de bureaux.
C'est après la décision de délocaliser leurs productions en 2007 sur des pays émergents comme l'Argentine ou le Brésil que Disney commencent à entamer la productions de films indiens via la société UTV Software Communications Ltd..
Produit dans le cadre de Disney World Cinema, Arjun: Le Prince Guerrier est une coproduction entre UTV Motion Pictures et The Walt Disney Company.
Le récit se base sur Mahâbhârata, un grand livre sacré de l'Inde considéré comme le plus grand poème épique jamais composé relatant le combat entre deux branches d'une famille royale, les Kaurava et les Pandava, pour la succession du trône du pays des Arya.
Et là, vous vous dites: Mais comment un film d'animation de 90 minutes peut-il transposer à l'écran une histoire aussi riche, longue et détaillée?
Et bien, c'est simple. Il ne peut pas.
En Inde, cela ne fait aucun doute que même des enfants peuvent comprendre l'histoire, cette fable faisant partie des classiques de la littérature indienne mais pour un public extérieur à cette mythologie, il est très difficile de comprendre où veut aller le film.
Si la première heure ne perd pas trop le spectateur européen moyen, ce dernier va faire toutes les grimaces du monde devant la dernière demi-heure.
Alors que les deux premiers tiers semblaient s'inscrire dans un contexte plus ou moins réaliste, le dernier tiers du film est confus dans tous ses choix scénaristiques en mélangeant la légende et le conte. Arjun: Le Prince Guerrier traite de complots, de politique, d'exils et de guerre pendant 60 minutes puis nous balance sans prévenir dans son intrigue des éléments surnaturels incompréhensibles (le twist étant le plus déstabilisant).
La blague finale arrive quand le film se conclue sur
La vérité triomphe de tout.
La vérité? On aurait bien aimé la savoir la vérité!
Cela est bien dommage car pour quelqu'un s'y connaissant peu en mythes indiens, l'histoire contée est très intéressante dans les grandes lignes. De plus, le ton est relativement sérieux, adulte et même froid (on sera surpris lors des rares combats de voir autant de sang apparaître à l'écran, surtout dans une production sortie sous le label Walt Disney Pictures).
Les personnages ne sont, par ce choix, pas très attachants ou même intéressants, toutes leurs relations étant survolées, durée oblige, et plusieurs d'entre eux se démarquent à peine des autres.
Techniquement, Arjun: Le Prince Guerrier enchaîne les bonnes et les mauvaises idées. On sent le budget investi dans cette production animée mais le mélange entre animation 2D et 3D passe moyennement pour les personnages, leurs mouvements étant trop saccadés et leurs visages trop figés. Cela manque clairement de naturel. Tout le contraire des décors qui sont parfois si fins et détaillés qu'on croirait voir des photographies.
À noter par contre que la scène du concours de Pāñcāla est très réussie en terme de mise en scène.
Quant aux chansons, elles sont assez dispensables tant en indien qu'en français à l'exception de la dernière concluant le film.
Adoré en Inde, hué lors de sa présentation à Annecy et moyennement reçu aux États-Unis, Arjun: Le Prince Guerrier a divisé grand nombre de spectateurs et pour des bonnes raisons.
Néanmoins, malgré ses grandes imperfections, il reste un film à découvrir pour tout disneyphile voulant découvrir les productions délocalisées sous le signe de Mickey et se plonger dans une des épopées indiennes les plus connues. L'expérience est loin d'être inintéressante.