Je me souviens quand j'avais vu la première fois ce polar parano urbain sur C+, je n'en attendais rien, et j'avais été complètement scotché, pris par une machine incroyablement bien écrite et très efficace mise en place par le réalisateur. Malgré quelques contraintes hollywoodiennes et une mécanique du scénario qui semble trop bien huilée, ça fonctionne parfaitement ; pourtant le début est assez lent à démarrer, l'approche est longue, mais le réalisateur installe une atmosphère oppressante à mi-chemin entre le film d'action traditionnel et le thriller hitchcockien ou à la façon de De Palma, justement dans sa période hitchcockienne.
En ces temps incertains sur le plan sécuritaire, ce film montre qu'on ne connait jamais vraiment nos voisins, de même qu'il préfigure la paranoïa croissante d'une Amérique en proie au terrorisme qui allait la frapper peu après, le 11 septembre 2001. Ce thème du voisin inquiétant sera encore bien exploité en 2007 dans Paranoïak, mais ce qui fait la force de ce thriller brillantissime, c'est non seulement son coup de théâtre final terrifiant et totalement surprenant, mais aussi le jeu d'un Jeff Bridges époustouflant en parano qui voit le mal partout, face au couple Tim Robbins-Joan Cusack machiavélique sous des apparences bien proprettes. Voici donc un excellent suspense psychologique, passé trop inaperçu à sa sortie, et qu'il convient de redécouvrir.