Bus Stop, c'est la rencontre pittoresque en plein Arizona peuplé de cowboys d'un jeune vacher sain et sauvage avec une chanteuse de beuglant un peu triste. Plus habitué à s'occuper des taureaux que des femmes, ce cowboy prénommé Bo, bouleverse la vie de la jeune chanteuse nommée Chérie (prononcé à la française et non Cherry), la harcèle, l'enlève et la prend au lasso... Mais tout finira le mieux du monde dès lors que Bo aura appris la douceur et la tendresse.
L'attrait du film, c'est bien évidemment Marilyn Monroe, au maquillage très blafard et blanchâtre pour opposer sa fragilité laiteuse à la bonne santé du cowboy qui vit au grand air. C'était le temps où elle fréquentait l'Actor's Studio et rêvait d'être reconnue pour son talent dramatique, ce que Hollywood lui a toujours refusé ; elle accepta donc ce rôle qui ne variait guère avec ses emplois précédents (la brave fille un brin gourdasse mais emplie d'humanité) avec l'idée d'accomplir un grand pas en avant, elle étudia le rôle avec Lee Strasberg, patron de l'Actor's Studio, et l'apparente insouciance et frivolité du personnage de Chérie est en fait, le fruit d'une longue recherche. Guettant peut-être l'Oscar, elle n'obtint même pas une nomination, mais ça reste indéniablement un de ses plus beaux rôles. Il faut la voir chanter "That old black magic" devant un parterre de bouseux pour comprendre l'impact d'une actrice cataloguée dans les "compositions" de ravissantes idiotes.
Marilyn fait preuve de finesse et passe aisément de la gouaille à l'émotion, de la lassitude à l'espoir dans un personnage aux costumes minables et au romanesque de pacotille. Cette mélancolie humoristique s'accompagne d'une bonne description d'une Amérique provinciale voire même rurale avec ses mythes, ses conventions, ses cowboys bagarreurs et ses rodeos.
Si la performance de Marilyn est bouleversante, celle de Don Murray n'est pas en reste, c'était son premier rôle au cinéma, il restera son plus célèbre qui lui ouvrira les portes de Hollywood où il promènera sa sympathique nonchalance dans une trentaine de films, des westerns et des drames surtout, avant de se tourner vers la télévision ; il fut en 1968 la co-vedette de la série les Bannis (the Outcast), un western progressiste dans une Amérique alors en pleine période d'émeutes raciales et d'égalité civique. Retenons aussi le bon second rôle de Arthur O'Connell dans le rôle de Virgil, cowboy plus aguerri et sage qui va "éduquer" Bo sur les femmes.
Au final, nous avons une bonne comédie dramatique où les personnages glissent vers leur destin, pourtant invraisemblable, sans tomber dans le pathos d'une psychologie de bazar. Sans Marilyn, Bus Stop ne serait qu'un roman-photo banal et ordinaire, avec elle, le film devient émouvant et drôle.

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le 20 janv. 2018

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Ugly

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