Artefacts par Bisounours84
Un autre nanard intergalactique pondu par Giles Daoust qui n'en est hélas plus à son coup d'essai: on lui devait déjà, e.a., l'infâme "The Room" qui a pour particularité amusante de partager le nom d'un autre film américain (de Tommy Wiseau, lui) qui a lui aussi la réputation de figurer dans le cercle très fermé des "pires films de tous les temps". Bien malin celui qui comprendra pourquoi Giles a utilisé pour son film un titre qui avait déjà été attribué au "pire film de tous les temps". Est-ce par hommage ou par esprit de compétition?
Mais redevenons sérieux! Contrairement à son homologue américain (Tommy Wiseau) qui, non dénué de sens de l'autodérision, ose apparaître publiquement auprès de ses fans, membres du fanclub "du pire film de tous les temps", Giles a lui pour habitude de clamer haut et fort à qui veut l'entendre qu'il est une sorte de grand génie incompris! Il n'hésite d'ailleurs jamais à étaler ses très nombreux talents: tour à tour chef d'entreprise, producteur de film, réalisateur autodidacte, acteur, photographe, musicien et peintre, aucun talent ni aucune qualité ne semble lui manquer (à part, peut-être, la modestie?).
Personnalité "chérie", "adulée" et donc fort logiquement "choyée" par le public du Bifff et le monde du cinéma belge en général (l'emploi de l'ironie est ici évident), Giles s'en prend vigoureusement à toute forme de critique envers ses œuvres: ceux qui osent dire du mal de ses films sont forcément des jaloux frustrés très très méchants. En plus, la critique est facile, mais l'Art... c'est une autre histoire... C'est bien vrai ça! Personne n'a rien compris et tout le monde est très méchant et c'est vraiment trop injuste pour Giles! Il est temps de réagir contre cette... injustice profonde!
Par conséquent, je ne puis que vous encourager à visionner par tous les moyens ce grand chef-d'œuvre qu'est Artefacts! Un film qui affiche dès le départ son ambition de jouer dans la cour des grands (marchés) en faisant parler ses acteurs en Anglais alors que tout est tourné en Belgique! Un film qui se veut tout à la fois être un thriller, un film de science-fiction et une œuvre contempourienne moderne, avec des scènes d'anthologie comme celle (SPOILER ALERT) d'une discussion dans une voiture à l'arrêt dont les vitres sont grandes ouvertes malgré la pluie (mais pourquoi donc?). Une discussion par ailleurs sauvagement interrompue par des méchants qui viennent poser une bombe près de la voiture, le tout sous le regard horrifié des gentils qui sont dans la voiture et qui, plutôt que de chercher à s'enfuir avec la voiture pour échapper aux méchants et à leur bombe avant qu'elle ne soit posée, préfèrent prendre la fuite à pied afin d'offrir au spectateur une superbe explosion de Golf complètement gratuite et absurde. On apprendra par la conférence qui suivit la projection du film que cette Golf était en réalité celle de Giles, qu'il a décidé de sacrifier pour la bonne cause. Sans se soucier nullement de savoir si cela apportait quelque chose à son histoire.
De toute façon, on sent bien que l'écriture du scénario n'est pas et n'a jamais été une très grande priorité pour Giles. Ce qui compte pour lui, c'est d'arriver à en mettre plein les yeux du spectateur pour quasi pas un rond! Le vrai "challenge", pour Giles, c'est d'arriver à produire et tourner un long métrage le plus rapidement possible (en moins de 24h? Et pourquoi pas, vu qu'il a déjà réussi ce défi avec sa première œuvre, et il en est particulièrement fier), avec le minimum de moyens possibles tout en produisant un maximum d'impact par des effets visuels et sonores qui ont pour but d'attirer le (pigeon) client, le tout dans le but stratégique avoué de maximiser B selon l'équation:
B=R-C où B est le bénéfice d'un film, R sont ses recettes et C le coût de production.
Giles a fait Solvay, et ça se sent! Making movies is a business after all!
P.S. On se demande toujours comment Emmanuel Jespers, d'habitude très talentueux, a pu s'embarquer dans une galère pareille et co-signer au final un tel nanard...