Voilà encore un film que j'ai pu visionner étant petit (j'avais 9 ans en 2006 ; décidément, ça ne me rajeunit pas), que je me souviens avoir adoré, que j'ai laissé de côté pendant plusieurs années et que je reviens (re)découvrir en me demandant, durant le générique de fin, comment vais-je faire pour le noter... Déjà, s'il fallait respecter ma manière de faire les choses, Arthur et les Minimoys, film réalisé par Luc Besson (je ne m'amuserais pas à faire des commentaires sur la vie, les propos... du monsieur, je n'ai pas assez de matière réflexionnelle personnelle pour avoir un quelconque avis) et sorti dans les salles obscures en 2006, est une création que j'aurais plus tendance à classer dans le domaine de la Fantasy (sous catégorie Low Fantasy) que dans le domaine du Fantastique. Voilà, c'est de la Fantasy, donc l'hautaine personne que je suis peut se permettre de donner son avis. Dis-j'ai, il y a deux éléments qui vont devoir être pris en compte (vais-je y arriver dans cette critique ? Pas forcément) : la vision de l'enfant et la vision de l'adulte, rien que ça ! Car ce film a beau être plus que sympathique pour un public qui, de toutes évidences, va davantage se focaliser sur le merveilleux des aventures, il n'en demeure pas moins discutable d'un point de vue plus mature concernant certains choix de réalisation.


Arthur est un jeune garçon passant ses vacances à la campagne chez sa grand-mère. Cette dernière, endettée depuis la disparition de son mari, est contrainte de céder sa propriété. Arthur refuse cette finalité et, ayant appris que son grand-père a caché un trésor dans son jardin, rejoint le monde des Minimoys (que son grand-père connaissait bien) pour tenter de sauver et ce peuple miniature et sa grand-mère, chagrinée par toutes ces pertes.
Pas plus de spoil pour ma part.


Alors, pour ce qui est de l'histoire. Force est de constater que l'intrigue principale est sympathique. Elle ne casse pas trois pattes à un canard, nous serons d'accord (et en même temps, comme disait notre La Bruyère : "Tout est dit, et l'on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent.") mais le fil rouge a ça de plaisant qu'il est simple et efficace. Et c'est d'ailleurs le seul fil scénaristique qui semble tenir la route ; heureusement. Car ce film a une fâcheuse tendance a apporter des éléments d'intrigue un peu n'importe comment et surtout, beaucoup trop d'éléments secondaires (voire tertiaire), ce qui laisse s'installer un ressenti plutôt désagréable (je prends des pincettes, j'ai regardé ce film tard en soirée, alors est-ce que c'est la fatigue qui m'a laissé cette impression ou est-ce bien le film ? Un deuxième visionnage devrait s'imposer) : tout va absolument trop vite ! C'est juste incroyable ! Il y a beaucoup trop d'action qui vient s'accumuler autour du fil rouge pour... Pour reprendre le film plus amusant ? Vivant ? Alors que très franchement, il n'en a pas besoin : l'intrigue principale est simple, efficace pour reprendre mes termes précédents, l'univers est, somme toute, original et nouveau (on en reparlera), les personnages sont... à la hauteur ? Bref, il n'y avait vraiment pas à ajouter, à surcharger le scénario. A adopter un visionnage étriqué par l'action presque omniprésente. Surtout que ce premier film est adapté des deux premiers livres (oui, c'est une adaptation) de Luc Besson et Céline Garcia : Arthur et les Minimoys - Arthur et la CIté interdite. Alors pourquoi (et je dis ça avec de grosses pincettes car mes propos semblent rejoindre ceux de Luc Besson mais avec des fonds de pensée plus discutables) avoir réuni les deux livres en un "court" film d'une heure quarante ? Surtout quand on a un univers aussi riche et inédit... C'est franchement dommage mais il aurait plus sympathique de séparer ce premier film en deux parties afin de poser plus paisiblement l'intrigue et s'attarder peut-être un peu plus sur cet univers incroyable. Mais bon... C'est fait, on ne change pas le passé (sauf si quelqu'un veut se lancer dans une réadaptation). En bref, l'histoire est sympa mais part dans tous les sens pour ce qui est des intrigues secondaires, laissant donc ce sentiment d'insatisfaction de n'avoir eu un divertissement plus construit et de perdition car certains éléments, choix, dires ne sont pas conclus, n'ont pas de dénouement, n'ont pas d'intérêt immédiat.


Concernant les personnages, nous avons un casting agréable : Freddie Highmore dans le rôle d'Arthur (qui jouera deux années plus tard dans le film Les Chroniques de Spiderwick, autant vous dire que l'on reste sur un thème assez proche), Mia Farrow dans le rôle de la grand-mère (elle a prêté sa voix à la Licorne dans La Dernière Licorne)... et accepte les voix de Madonna pour Sélénia, Jimmy Fallon pour Bétamèche, Robert de Niro pour le roi des Minimoys, Snoop Dog pour Max (il a plutôt bien choisi sur rôle) et surtout ! David Bowie pour Maltazard. Autant dire que le casting américain est exceptionnel pour une production de ce gabarit ! Tandis que du côté français... ce n'est pas mauvais mais c'est déjà plus "soft" : Mylène Farmer pour Sélénia, Valérie Lemercier, Jean-Paul Rouve pour les parents d'Arthur... D'autant que j'ai eu un petit problème de concentration avec la version française d'Arthur doublé par Barbara Kelsch : je n’adhère pas forcément à ce choix, mais pourquoi pas... Alors ça, c'est sur le papier et c'est plutôt classe ! Sauf que le caractère des personnages n'est pas forcément à la hauteur du choix des doubleurs. Alors, je passerais sur les personnages "principaux", ceux qui viennent du monde réel : Arthur, sa grand-mère et son grand-père. On a de la qualité, un jeu d'acteur agréable et divertissant. Et puis, il y a les autres. Commençons par Sélénia : elle est d'un crispant maladif, on a envie de la gifler un nombre incalculable de fois pour ses propos, son attitude de princesse gâtée (et le pire, je prends un peu d'avance, c'est qu'il n'y aura aucune évolution dans la trilogie) malgré quelques temps à l'écran où elle parvient à montrer certaines facettes intéressantes, des réflexions pertinentes... avalés entièrement par la frustration qu'elle est capable d'engendrer uniquement aux spectateurs paradoxalement, aucun personnage ne semble vouloir la remettre sur le chemin de la raison juste trente secondes. Ensuite, dans une certaine mesure, il y a Maltazard - qui souffre notamment du tempo bien trop rapide du film. En effet, il est introduit, expliqué à la vitesse de la lumière malgré, là aussi, un potentiel d'antagoniste immense (et, spoiler alerte, ça ne va pas s'arranger dans le reste de la trilogie !). Et enfin, il y a les parents d'Arthur. Ma question : à quoi servent-ils ? Sérieusement, on se plaint de l'oncle et de la tante d'Harry Potter mais là, je dois avouer que question irresponsabilité et je-m'en-foutisme pour mon fils unique, c'est une véritable quintessence ! Alors certes, ça peut faire sourire à certains moments du film mais si on adopte une vision globale, que l'on s'attarde une minute sur le plan psychologique de ces derniers, mais c'est lamentable ! Ce sont les pires parents du monde ! Plus intéressé par le trésor du grand-père que par la disparition de leur fils, plus occupé à... à quoi justement que de fêter l'anniversaire de leur fils ! Bref, ces personnages font tout de même grincer des dents.
Dans l'ensemble du film, il y a même une certaine scission où les protagonistes Minimoys ont bien plus de charisme et de "sérieux" que les protagonistes humains, c'est dire ! Même si les contre-exemples existent du côté des Minimoys : Max en est un plutôt bon exemple. Un personnage loufoque, dira-t-on cliché par certains aspects (tous, peut-être), plaisant mais dont la philosophie, voire même l'attitude est quelque peu déplacé, notamment pour des enfants. Mais ça reste enfantin justement.
Une fois de plus, c'est du côté des Minimoys que l'on va trouver quelques pépites divertissantes malgré quelques bas et quitte à parler des Minimoys...


... je vais les caser ici. Parce que j'ai envie ! Côté technique du film, on jongle entre prise en vue réelle pour les événements du monde réel et 3D pour le monde des Minimoys. Alors... Je n'ai pas forcément en tête un comparatif tampon concernant la qualité des effets spéciaux/3D mais, de mon ressenti, je n'a pas trouvé l'imagerie repoussant s'il fallait vraiment être méchant. On a une qualité d'image plutôt correcte, d'autant que des films mal animés, j'en ai vu des tas et des pires que ça (oui, ça existe). Donc non, concernant l'animation et sa qualité, je n'aurais rien n'a dire en négatif. Ce qui m'amène à parler de l'univers des Minimoys justement et à laisser déborder ma tristesse : franchement ! L'univers que nous offre Luc Besson est extraordinaire, il y a tant qui nous ait montré durant tout le film et tant qui aurait pu être développé. On reste sur sa faim concernant cet univers, le mode de vie des Minimoys, leur culture, leur technologie... Tout est si inventif et merveilleux, pourquoi ne laisser aux spectateurs qu'une vue, une visite en surface quand un approfondissement n'aurait été que bénéfique et d'autant plus immersif. Concrètement, Luc Besson avait de l'or dans les mains, pourquoi l'avoir laissé de côté ? Personnellement, je pense que le film aurait gagner en immersion et en magnifique en laissant respirer un peu le scénario et en amenant à l'écran plus de spécificité à l'univers des Minimoys plutôt que de condenser en un seul film un début d'histoire qui en méritait deux, de films.
Mise à part cette petite déception, force est de constater que l'aspect technique du film est loin d'être catastrophique bien qu'il ne soit pas exceptionnel non plus. Le rendu est sympathique pour ne pas à avoir à s'interroger tout le temps du visionnage sur la qualité des effets.


Concernant les lieux et les paysages, on va rejoindre ce qui a été déclaré précédemment, uniquement pour l'univers Minimoys (autrement, nous nous situons dans le Connecticut, autant dire que ce n'est guère impressionnant même si les décors extérieurs sont bucoliques) : c'est inventif, une véritable inspiration - de manière strictement personnelle - aux visions apportées par les créateurs du professeur Arthur Spiderwick (le fait déjà que l'on ait à faire à deux Arthur justifie pleinement l'hommage selon moi), autant dans les dessins que dans la représentations du Monde Invisible.


Enfin, pour ce qui est de la musique, nous avons le compositeur "fétiche" de Luc Besson : Eric Serra qui nous offre une bande son... assez légère. On reste sur quelque chose de discret en incorporant quelques thèmes déjà/bien connus du public (notamment durant la séquence dans le bar de Max). Autrement, c'est plutôt sympathique mais sans plus.


Arthur et les Minimoys est un film qui, malgré tout, en impose, notamment et grâce à son univers nouveau, presque rafraichissant dans le genre du "Monde Invisible" pour reprendre le terme employé par les auteurs Holly Black et Tony DiTerlizzi pour leur Chroniques de Spiderwick. Une production qui aurait pu - et qui, en soit, d'une certaine manière - a changé un tant soit peu les visions et le genre féerique. De la trilogie cinématographique (là aussi, je prends un peu d'avance), c'est le seul qui a su puiser convenablement dans cette inspiration et su utiliser correctement cette vision d'un monde caché naturel et fantastique, si inventif et si merveilleux. De ce fait, je suis prêt à recommander le visionnage du premier opus, ne serait-ce pour constater avec regret ce qui aurait pu être construit si on avait décidé de séparer le film en deux parties ou si on avait laisser respirer un peu plus l'intrigue principale. Un si bon départ pour une course qui épuise considérablement le réalisateur et les spectateurs. Et pour une telle course, on connaît généralement les arrivées que ça peut donner. Alors, malgré ces éléments pointés du doigt, pourquoi avoir noté 8/10 ? Disons que la nostalgie a fait un petit bout de chemin avec moi.
Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
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le 5 mars 2022

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PhenixduXib

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