Il fallait bien le plus international des Français, notre cher Luc Besson, pour arriver à créer un film d’animation français capable de rivaliser face aux productions américaines, ou du moins d'essayer.

Le film fera pourtant un mauvais score aux États-Unis et les suites n’auront pas droit à leurs salles obscures. Les critiques n’auront d’ailleurs pas été tendres. C’est bien en France et en Europe qu’Arthur aura le plus de reconnaissance, se déclinant en différents produits dérivés, s’incarnant même dans les parcs d’attraction Futuroscope et Europapark.

Il faut reconnaitre au film et à l’univers qui le compose des souches plus européennes qu’américaines, dans un monde miniature sous nos pieds qui rappellent plus les livres d’elficologues de notre continent. Ces Minimoys s’apparentent à des petits lutins qui évoluent dans des environnements à hauteur de champignons, des créatures du jardin mais dont l’échelle rétrécie fait apparaitre n’importe quel élément comme partie intégrante d’une plus grande forêt. C’est champêtre.

Pourtant, l’histoire d’Arthur et les Minimoys ne se différencie guère d’autres productions, et on peut même dire qu’elle n’hésite pas à calquer un peu trop lourdement. Cet Arthur, petit garçon, élevé par sa grand-mère est délaissé par ses fantasques parents, son grand-père est porté disparu et la ferme dans laquelle il vit est menacée, convoitée par un vilain promoteur qui ne leur laisse que quelques heures pour ne pas perdre l’habitation. Mais Arthur est un petit garçon imaginatif et débrouillard, de quoi faire fondre bien des cœurs malgré toutes les difficultés. C’est la piste d’un mystérieux trésor sur la foi d’une histoire farfelue racontée par Papy qui va l’entrainer à rétrécir pour découvrir les Minimoys. Ceux-ci sont aux prises avec le malfaisant Maltazard et son armée, qu’Arthur va chercher à contrer, accompagnés de la princesse Sélénia et de son frère Bétamèche, tout en cherchant à trouver le trésor.

C’est donc une quête bien classique, à la fois initiatique et en même temps aventureuse, qui nous est présenté, avec le risque aussi d’en faire trop. Elle ne sort jamais loin des clous, et sa tentative d’apporter de la nuance à son vilain est aussitôt contredite par la parole de Sélénia. Le film a d’ailleurs bien du mal à apporter de l’épaisseur à ses personnages, qui resteront cantonnés à des traits de caractères simples, Arthur est le héros gentil et déterminé et Bétamèche l’élément comique. Sélénia aurait pu être un personnage plus intéressant, elle la jeune princesse qui doit s’imposer, mais le scénario n’en fait qu’une tête de mule agaçante dont la seule évolution sera dans sa relation avec le héros, évidemment à son avantage.

Pour autant, malgré ces quelques simplicités, cet univers à hauteur de spore ne manque pas de surprises. Crée à partir de feuilles ou de carapaces d’animaux, les vêtements par exemple participent à la personnalité du film, de cet univers rempli de créatures hautes comme trois graines. Sans pouvoir prétendre à égaler les budgets des grosses productions américaines, le film fait le choix de maquettes transposées dans le film où les protagonistes en 3D peuvent s’agiter. On ne peut pas nier que le film ne possède pas une personnalité esthétique dans ce monde rétréci (c’est moins le cas à hauteur d’homme), même si la technique a parfois un peu vieilli, mais le film a près de 15 ans tout de même.

Filmé en anglais, avec des acteurs tels que Mia Farrow et Freddie Highmore (révélé l’année précédente dans Charlie et la chocolaterie), peut-être d’ailleurs pas tous pleinement investis, le film a profité d’un doublage impliquant de grands noms. Madonna, Jimmy Fallon, Robert de Niro, David Bowie ou Hervey Kietel n’auront pas suffit au film pour être un succès de ce côté de l’Atlantique. De notre côté, le doublage est assez intéressant, impliquant principalement des chanteurs et même rappeurs francophones mais aussi quelques acteurs réputés. Le film réunit ainsi Mylène Farmer, Dick Rivers, Stomy Bugsy, Rohff ou encore Alain Bashung, avec Valérie Lemercier, Jean-Paul Rouve ou José Garcia. Malheureusement, si certains s’en sortent bien de l’exercice, modulant leur voix pour faire exister ces personnages, d’autres semblent bien en peine à l’image de Mylène Farmer qui n’arrive pas à faire exister cette princesse agacée avec des dialogues récités assez platement.

Sans ses atouts champêtres, Arthur et les Minimoys serait un film assez classique, parfois assez peu convaincant, à l’image de son histoire, et d’autres fois qui arrive à réussir ses objectifs, il reste assez bien rythmé et amusant. On soulignera de plus un humour qui, malgré des vannes un peu lourdes, trouve quelques bons exemples. Avec un tel film, on sent que Luc Besson voulait faire son film familial, qu'il déclinera comme toute bonne saga en trilogie, mais un peu trop coincé dans des codes hérités du genre des années 1980. Le résultat n’est cependant guère honteux et je peux comprendre que la saga ait marqué ceux qui l'ont connu plus jeune.

SimplySmackkk
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le 23 janv. 2021

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SimplySmackkk

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