Ouverture du film
Un homme et une femme échangent des mots d’amour, filmés en close-up. Ils s'aiment et semblent tous deux combiner quelque chose, mais dans quel but ? "Il le faut" murmure la femme. Nous n’en saurons pas davantage de cet échange.
Plongés dans le Paris des années cinquante, on y suit Julien (Maurice Ronet) malencontreusement coincé dans l’ascenseur de son bureau après avoir assassiné son patron. Il ne le sait toujours pas, mais un couple de jeunes amants va saboter le bon déroulement de son plan.
On y suit également Florence (Jeanne Moreau), dont les errances nocturnes - sublimées par la musique de Miles Davis - sont délicieuses. Accompagnés de sa voix hors champs, nous y partageons ses doutes et ses peines quant à la situation.
Fermeture du film
Dans une chambre noire, l’enquête est résolue. Les preuves sont irréfutables : des photos plus magnifiques les unes que les autres issues de l’appareil-photo miniature de Julien. Dernier close-up sur Jeanne Moreau. Puis Fin.
Louis Malle a vingt-cinq ans lors de la sortie de son film et malgré une Palme d'Or déjà obtenue, avait encore beaucoup à prouver au public français. Avec Ascenseur pour l’Échafaud, il transforme le simple film policier en une œuvre beaucoup plus dense. C’est une histoire d’amour et d'un meurtre, traversée de contrastes: d’un côté, un homme est enfermé dans un espace très étroit, celui d'une cage d’ascenseur. De l’autre, une femme déambule dans le vaste Paris, bercée par les sublimes improvisations de Miles Davis. Sans oublier le travail d’Henri Decaë, absolument merveilleux; car oui, la lumière et l’image magnifient de nombreuses scènes dont une fameuse en présence de Lino Ventura, Charles Denner et Maurice Ronet. En peu de mots: véritable plaisir sensoriel.
Pour sa distribution artistique, ses qualités techniques et son envoûtante bande originale, Ascenseur pour l’échafaud mérite généreusement d’être vu.
Florence: Hmm. C’n’est pas très courageux.
Julien: Mais c’n’est pas courageux l’amour.
Florence: Tais toi!