Requiem for a team.
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Assaut incarne toutes les prémices et tout l’aspect iconoclaste de la filmographie de John Carpenter. Idéalement influencé par le western (Rio Bravo) avec ses guerres de rues entre gangs interposés et le huis clos zombiesque qui fera sa renommée quelques années plus tard avec The Thing, John Carpenter est déjà un cinéaste au style bien marqué.
Style où les références jalonnent les pores du film sans que le réalisateur se retrouve entre le marteau et l’enclume : non la maturité filmique est déjà omniprésente. Découvrir Assaut, son deuxième long métrage (après Dark Star), c’est comme découvrir toute la carrière de Carpenter en un seul film : l’ambivalence du silence et la montée au cordeau d’une musique suintant les affres horrifiques qui sert d’appui à un environnement américain moribond. La vision de Carpenter est pessimiste et décrit avec soin une humanité qui s’écharpe pour survivre, assoiffée par la haine et la vengeance.
Sans forcément s’attaquer au genre qu’est le post-apocalyptique, le film est sur une ligne créatrice dans laquelle s’inscrivent également Mad Max de George Miller et La Nuit des morts-vivants de George A. Romero : des œuvres qui ne montrent pas l’après mais qui observent avec violence le basculement d’une société vers une forme d’extinction et un instinct de survie primitif. Cette horreur est sèche, pétaradante, symbolique, mais pourtant Carpenter n’a pas besoin de surligner les intentions de chacun des protagonistes pour se faire entendre et assumer son propos.
Au contraire, derrière cette mise en contexte politique et environnementale, l’écriture se veut parfois floue sur les motivations des personnages : ce qui fait remonter à la surface une forme d’arbitraire et de violence gratuite qui accroissent la provenance de l’horreur. Personnage comme spectateur, chacun doit faire attention à ce qui se trame dans son dos. L’humain est comme une souris dans une cage.
Dans des rues désertiques, c’est le coup de feu qui règne, par peur de la mort mais aussi à cause d’une misère sociale d’un peuple délaissé par un monde politique absent de toute conscience sociétale permettant alors à la police de jouer à la roulette russe avec la justice. Mais du cinéma de John Carpenter, façonné par ce regard acide sur l’Amérique, il y a dès le départ un amour du genre et une forme d’artisanat qui sied à son art. Tant dans les séquences extérieures que dans l’architecture visuelle du commissariat de police assiégé, il fait preuve d’un sens du cadrage et du montage hors pair pour bâtir une tension qui ne lâche pas l’écran.
Série B qui alimente les moments de bravoure et voit couler dans ses veines une imagination débordante pour fragmenter l’horreur à sa guise, Assaut démontre surtout que John Carpenter sait parfaitement jongler entre les genres de manière extrêmement fluide. Du huis clos au western, du polar à l’horreur, du réalisme au fantastique, c’est avant tout le plaisir et la générosité cinématographique qui s’expriment chez le spectateur. Dès le deuxième essai, c’est un coup de maître.
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Créée
le 15 sept. 2020
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