Rio Bravo en version plus urbaine.

Malgré l'échec de son premier film Dark Star, le réalisateur John Carpenter s’est vu offrir une nouvelle chance de se rattraper, suite à l’obtention d’une forte somme d’argent de la part d’un investisseur. Afin de faire valoriser et de mettre à l’honneur sa passion et ses compétences de cinéaste, John Carpenter se lance à un projet qui ne me paraît pas raisonnable, comme celui de retranscrire l’univers du film Rio Bravo dans un contexte plus urbain. Pour ma part, toucher à une production réalisée par le prestigieux Howard Hawks n’est pas judicieux, et encore plus quand on fait ses premiers pas dans le métier.

Rio Bravo est considéré comme un des plus légendaires westerns des années 60, faire un remake de cette production exemplaire avec un budget plus limité n’est pas très subtil, avec le risque de décevoir probablement des fans de western. Bien que je n’aie pas très séduit par le western d’Howard Hawks, pas autant que certains cinéphiles qui le considèrent comme un chef-d’œuvre, je reconnais que cette production a un certain charme et dotée des points-clés capitaux pour que le long-métrage soit une réussite cinématographique.

Je m’attendais voir quelque chose de similaire dans cette version plus avancée et malheureusement, comme je le craignais, le manque de budget et de moyens techniques se ressent lourdement. La première chose qui m’a vraiment dérangé dans cette production, c’est le début qui met beaucoup trop de temps à démarrer, pour un film d’une durée de visionnage d’une heure et trente minutes. La production Rio Bravo a une durée de 140 minutes de visionnage et je me rappelle très bien que la tension commençait déjà à s’installer dès les premières minutes de la production et qu'il avait une tension qui régnait, sans le moindre décrochage.

Pour cette version, Carpenter maîtrise bien le début, en nous faisant baigner dans une atmosphère où la violence passe par-dessus tout, avec une mort hyper marquante dans l’histoire du cinéma. C’était un bon début mais au fil du visionnage, j’ai senti comme une espèce de relâchement, comme si Carpenter était à court d’idées. On voit bien que les scènes de fusillade manquent d’un certain punch pour m’éblouir, c’est mou et dérisoire, ce n’est pas aussi captivant que celles de Rio Bravo où on avait une vraie tension qui se créait et qui devenait de plus en plus palpable pendant la lecture du film.

Dans cette version, je m’attendais à quelque chose de plus impitoyable, de plus agressif et de plus oppressif, surtout quand le film se déroule dans un territoire américain. C’est juste à la limite un copier-coller du film d'Hawks, sans que cela se déroule avec les moyens de notre époque. Sans compter des personnages pas très attachants et très banals, y compris un réseau de gangs qui se comportent plus comme des êtres surnaturels que des truands désirant semer le mal comme une traînée de poudre.

Après, la réalisation n’est pas aussi négative comme je le dis, il y a tout de même de bonnes choses à noter dans cette production. Je reconnais que John Carpenter est un réalisateur qui a le mérite d’être suivi et on voit bien qu’il a vraiment tenté de dépenser l'argent qui lui a été accordé pour rendre son film le plus attrayant possible, avec une mise en scène un peu près correct et une bande de son qui nous entraîne efficacement dans le contexte de cette production farouche. 5/10

Tu fais une tête comme si on avait chié dans tes grolles !