Ayant beaucoup apprécié le démon des armes du même réalisateur, je me devais de rattraper ce long métrage. Association criminelle confirme le talent du metteur en scène pour composer des plans assez impressionnant pour son noir et blanc très travaillé, en plus de représenter une violence peu commune si on compare avec les autres films noirs de l'époque marquée par le Code Hays.
Plusieurs séquences sont assez marquantes. Le climax sous la brume est bien sûr devenu iconique, mais d'autres moments sont également impactant, je pense notamment à
l'assassinat volontairement représenté sans le moindre son, franchement glaçant.
Si l'histoire est classique, elle a le mérite de présenter un antagoniste avec une dimension psychologique originale. Au fur et à mesure que l'enquête progresse, le film dresse le portrait d'un personnage dont l'ambition masque un manque de confiance en soi et un rapport aux femmes compliqué. Le caractère possessif qu'entretient le gangster avec sa copine ou son ancienne compagne est d'ailleurs souvent mis en parallèle avec la violence de son personnage qui, en écrasant ses opposants, espère accéder à une reconnaissance et retenir la gent féminine, persuadé que la séduction est uniquement un rapport de force.
On peut y voir une critique de la misogynie et de l'obsession matérialiste, intrinsèquement liés, dans le milieu criminel, comme le montrera De Palma avec Scarface.
En revanche le personnage du détective est un peu fade et son interprète sonne comme un Dana Andrews du pauvre. Je ne suis pas convaincu par la passion qu'il éprouve envers le personnage féminin, dont la romance est artificielle et peu approfondie.
Elle non plus n'est pas aidée par l'actrice qui hésite entre le stéréotype de la femme fatale, avec un jeu tout en distance, ou celui de la femme en détresse à sauver dans les moments dramatiques qui laissent la place au surjeu.