I couldn't hear my own footsteps. It was the walk of a dead man.

Un film noir grandiose. Alors si désormais l’intrigue est un grand classique et a pu être détournée de milliers de façons, elle n’en reste pas moins d’une rare efficacité. L’introduction annonce tout de suite la couleur, rompant avec la mise en place propre au genre. Pourtant, loin d’en retirer le suspens, cela ne fait que l’accentuer pendant le développement de l’intrigue. On est happé dès les premières minutes et on ne nous lâche plus jusqu’à la fin.

Le rythme du film fait qu’il n’y a aucune longueur, les différentes parties du film étant très bien équilibrées et toute aussi palpitante les uns que les autres alors même qu’on connaît la fin. C’est surtout comment au cours de l’intrigue, les relations entre les personnages évoluent, comment la paranoïa se fait de plus en plus incisive, et comment cela se reflète sur le personnage de Walter. La façon dont l’étau se resserre pour les personnages, mais pas de la façon dont on aurait pu le croire, est l’une des grandes forces du final.

Le casting est dans l’ensemble très bon, avec notamment Edward G. Robinson et Jean Heather qui tiennent des rôles secondaires très intéressants. Cependant, c’est bien le duo entre Fred MacMurray et Barbara Stanwyck qui portera à merveille le film sur leurs épaules. Chacun est fantastique dans son rôle, que ce soit dans le charisme qu’ils ont à l’écran, la dynamique entre eux qui s’enclenche dès la première scène, ou même comment cette dynamique évolue. Ils sont brillants et la principale force de frappe de ce film.

Sur le plan technique, le film est là aussi d’une indéniable qualité. La musique s’encrera bien sûr dans l’époque, et ne sera donc pas forcément au point. Cependant, elle participera à créer cette ambiance de suspens si efficace. Les décors sont superbes, surtout le bureau d’assurance, qui crée sa propre dynamique dans une mise en scène somptueuse. Billy Wilder sait exactement ce qu’il veut montrer avec sa caméra et l’utilise parfaitement avec des cadres adaptés pour chacune de ses scènes ou ses plans.

Un grand classique de l’âge d’or d’Hollywood qui a non seulement très bien vieilli, mais reste toujours aussi palpitant et fantastique à regarder. Pas l’ombre d’une déception avec ce bijou.