Astérix aux Jeux olympiques par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En l'an 50 avant J.C. le fameux petit village peuplé d'irréductibles gaulois résiste encore contre les légions de César grâce à la célèbre potion magique concoctée par leur druide Panoramix. Il se trouve qu'Alafolix, l'un des jeunes habitants des lieux, est follement amoureux de la jolie princesse Irina qu'il compte ardemment épouser. Malheureusement pour les deux tourtereaux, le fourbe et cruel Brutus, fils de l'empereur César, convoite les mêmes ambitions et de plus joue de tas de stratagèmes pour assassiner son père. Afin de pouvoir départager les deux prétendants d'Irina, il est décidé d'organiser des Olympiades présidées par César lui-même. Le vainqueur de ces jeux pourra épouser la princesse. L'affreux Brutus va donc affronter Alafolix au cours des différentes épreuves et pour le jeune gaulois, les jeux et le coeur d'Irina ne sont pas gagnés d'avance! Heureusement Astérix et Obélix sont du voyage afin de soutenir leur protégé. Ces renforts de poids ne seront pas de trop...

Partons vers une nouvelle odyssée de nos célèbres héros sous la conduite de Thomas Langmann et de Frédéric Forestier. Il est vrai que le douzième album d'Astérix écrit par René Goscinny et dessiné par Robert Uderzo nous aura fait rêver et aura attisé notre esprit cocardier. César domine le monde et son fils Brutus qui porte parfaitement son nom est prêt à toutes les bassesses pour suivre les traces de son père dont il est jaloux et qu'il déteste. Avide de pouvoir et sûr de sa prestance, il ne doute de rien et reste persuadé que la plus séduisante femme du royaume lui est promise. Il ne doute toujours de rien lorsqu'il apprend qu'un pauvre petit gaulois risque d'entraver ses plans. Il se croit invulnérable puisqu'il à la certitude de sortir vainqueur des Olympiades qui devront servir d'arbitrage pour la possession de la jolie princesse. Malheureusement pour lui, il ne s'attend pas à l'arrivée d'Astérix et d'Obélix qui vont sérieusement compromettre ses plans. Pour parvenir à contrer ces gaulois impertinents Brutus va faire preuve d'une imagination fertile dans les domaines du truquage et du dopage sous l'oeil critique et méprisant de son père. Nous voici alors dans le domaine de la splendide dérision qui fait la gloire de cette BD inimitable. La politique avec ses complots et ses magouilles est égratignée ainsi que le sport livré à toutes les compromissions dues aux enjeux dont il est la victime. La morale l'emporte toujours et c'est alors que l'esprit léger, notre village gaulois peut se réunir au clair de lune pour un grand banquet convivial.

On pouvait s'attendre à un film plein d'esprit, d'humour et d'action. De plus, avec un colossal budget de 78.000.000 d'euros et la participation de stars de tout premier plan, la réussite ne pouvait être que totale ! Hélas, trois fois hélas, Thomas Langmann et Frédéric Forestier nous offre en guise de potion magique un bouillon bien gras et sans saveur. Tout est lourd, pesant, lassant dans cette sinistre adaptation. Les dialogues sont d'une extrême platitude et l'esprit particulier de la BD ne transparaît à aucun moment. Astérix et Obélix passent même comme des personnages secondaires dans le déroulement de ce film faisant la part belle à César et à Brutus. Cette adaptation inintéressante et interminable se prolonge avec ce qu'il est tenté d'être le bouquet final: la course de chars, gros clin d'oeil à Ben-Hur. Et bien, les pétards sont mouillés et les fusées ne décollent pas. La lutte impitoyable que se livrent Brutus et Alafolix, épaulé par nos gaulois, ne parvient à aucun moment à nous faire sortir de notre léthargie. On croit enfin en finir avec cette aventure lorsqu'intervient le summum du ridicule avec l'apparition de stars du sport et du showbiz (pléonasme) venues monter leurs muscles pour certains et leur frimousse pour d"autres, tout cela assorti de propos inconséquents. Alors une question se pose: comment ose t-on débourser une telle somme pour accoucher d'un si piètre résultat? Tout est mis en oeuvre pour attirer le gogo et tenter de montrer un "Monsieur" Alain Delon insignifiant et prétentieux dans un rôle sans envergure. Il aggrave même son cas dans la présentation du générique où apparaît la mention : "Avec la participation exceptionnelle d'..", ." (Ave moi !). Le piètre César n'obtiendra pas le "César" de la modestie! Clovis Cornillac et Gérard Depardieu sont à l'image du film, ternes, sans consistance malgré le gabarit d'Obélix. Benoît Poelvoorde est peut-être celui qui tente de surnager dans ce naufrage collectif.

Voici donc le type même de film racoleur et prétentieux, hameçon empoisonné du septième art. Le seul bienfait de ce navet grand format reste l'argent qu'il va rapporter et qui servira peut-être et souhaitons-le à subventionner les oeuvres de jeunes réalisateurs français aux ambitions plus modestes mais espérons-le autrement plus artistiques et novatrices. Je décernerai tout de même à cette production le " Bonnet d'Ane d'Or du moment" assorti d'une étoile, n'ayant pas la possibilité de mettre un zéro pointé!

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le 15 mai 2013

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