Un dimanche pluvieux, du chocolat chaud, une couette et un chat endormi. Le contexte est idéal pour regarder un Astérix en famille.
La plus grande a envie de le revoir une deuxième fois, la dernière découvre. Moi-même, je ne l’ai pas revu depuis une quinzaine d’année, mais je garde en mémoire une poignée de scènes marquantes :
Après un généreux très long et la surprise de découvrir Micheline Dax en Cléopâtre (j’ai depuis une préférence pour la version Bellucci), je retrouve avec plaisir mes Gaulois favoris et surtout le sens incroyable du dialogue de Goscinny, appuyé ici au scénario par Jos Marissen et Eddie Lateste, avec la collaboration de Pierre Tchernia. L’âge me permet d’ailleurs d’en apprécier de nouveaux, soulignant ainsi les multiples lectures offertes par le scénariste.
« Je suis, mon cher ami, très heureux de te voir. » Numérobis
« C'est un alexandrin. » Panoramix
Le sens de la formule est aussi un bonheur à entendre.
« Tu finiras dans un saurien, vaurien. » Numérobis
« Ce tombeau sera votre tombeau »Tournevis
Je découvre avec surprise que le film brise à plusieurs reprises le quatrième mur, jouant de cette connivence entre les Gaulois et leur public. Une relation pleine de tendresse qui dépasse les années. Et pourtant, Uderzo et Goscinny ne se gênent jamais pour brocarder les petits travers de leurs contemporains, comme le chauvinisme :
« Ces pyramides, ça ne vaut pas les menhir »Obélix
La réussite du film tient aussi beaucoup à la musique de Gérard Calvi. Des scènes que j’ai gardé en mémoire, la plupart sont rattachées à une chanson.
Mais si l’âge m’a permis d’approfondir certains aspects, d’autres ont plus de mal à passer. Si j’ai apprécié les décors grandioses du début, faisant honneur à la grandeur égyptienne, l’animation est momifiée. La gestion de l’espace, des volumes et des perspectives, est catastrophique. Les bruitages sont extrêmement limités, se bornant souvent à souligner les gestes des personnages principaux. Le bruit des baffes reste tout de même un grand classique de l’enfance. Le doublage apporte aussi quelques désagréables surprises (exception faite des inimitables Roger « Astérix » Carel, Jacques « Obélix » Morel et Lucien « Paoramix » Raimbourg). Je ne comprend toujours pas pourquoi Egyptiens et Romains partagent un même pseudo accent marseillais. Je passerai sur certaines ellipses douteuses.
Mi-figue, mi-raisin, je ne peux m’empêcher de lâcher un commentaire sur la maison de Numérobis :
« Elle est complètement tordue, il n’est pas très bon. » Ma grande me regarde, outrée, et me répond le plus sérieusement du monde « Mais non. Peut-être qu’une tornade a tout bougé. »
Finalement.
Quand la magie va, tout va.