La très bonne surprise du premier volet des aventures du gaulois sous la houlette d’Astier a forcément rendu exigeant face à cette nouvelle livraison, à laquelle s’adjoint une nouvelle audace, celle de l’écriture d’une histoire originale.
Le générique d’ouverture, clip cadencé sur une musique très 80’s, présente avec malice un monde formaté qui fonctionne comme une horloge suisse, et qui conditionne nos attentes depuis sept décennies : une routine, un village, des romains, des sangliers, un programme qui se déploie et qui semble se suffire à lui-même, et justifierait par là-même l’absence d’originalité de l’intrigue à venir.
Nos héros jetés sur les routes cherchent ainsi un successeur au druide, même si les premières images nous annoncent sans grande finesse le dénouement à venir. Le plaisir pourrait être ailleurs : dans ce tour de France en forme de casting géant, occasionnant des auditions parfois amusantes, et le recours à d’autres techniques d’animation (le crayonné du flashback, les dessins rudimentaires sur la carte du pays pour un sommaire assez savoureux). En parallèle, les femmes restées au village et épuisant leur stock de potion sur des romains devant se convaincre, en prévision de jours meilleurs, de s’en prendre plein la tronche permettent des séquences dans lesquelles l’humour d’Astier parvient à s’immiscer.
Pourtant, l’ensemble peine à convaincre, et parait même frileux : les gags sont la plupart du temps assez rudimentaires et semblent s’adresser à la frange la plus juvénile du public, et même si le running gag du poissonnier s’improvisant confectionneur de potion peut s’avérer amusant, toute la dimension référentielle qu’on trouve d’habitude dans la BD du temps de Goscinny – et qui faisait la saveur du Domaine de Dieux notamment, sont réduits à la portion congrue, à l’exception de quelques patronymes ou d’une apparition parodique du Christ et d’une assemblée de druides sur un mode comité d’entreprise qui n’est ni original ni drôle. Plus l’intrigue progresse, plus elle patine et s’enlise dans des problématiques indignes de son cadre, occasionnant des éléments téléphonés (maladresse d’Obélix, engueulade avec son meilleur ami, méchant inepte et flashbacks automatisés pour nourrir le dénouement) qui ennuie poliment.
L’équipe semble au bout d’un moment en prendre conscience, et impose un final qui laisse pantois, mixant Transformers et Pacific Rim pour une séquence qui, si elle fait montre d’une certaine maîtrise en termes d’animations, dérive totalement dans un grotesque grandiloquent dont n’avait vraiment pas besoin cette franchise.
Cruelle déception : quand on croise deux univers aussi profus, talentueux et subtils que ceux d’Astérix et d’Astier, on peut espérer une réelle formule magique, et non cette soupe assez fade.