Namu Amida Butsu
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Satō Keiichi adapte le manga de George Akiyama, qui fit scandale à sa sortie en 1970 par sa violence et son regard sur la condition humaine. La lutte sanguinaire d'un jeune garçon anthropophage dans le Japon féodal appauvri par les luttes intestines, propulsé dans l'âge adulte sans repère, sans langage, où l'ancrage au monde se fait par la violence. Asura devra faire la dure expérience de l'abandon, découvrir sa part d'humanité, et souffrir finalement de sa rencontre avec les hommes.
Ces destins déjà scellés dans un monde meurtri, rappellent au Tombeau des lucioles plutôt qu'à l'optimisme de Myasaki, et marque par sa noirceur constante. Et de la même manière Asura n'aura pas toujours des expressions réussies, mais on y retrouve un travail sur les regards plus marquant et une direction franche et plutôt gore sans être horrifique pour autant.
Ambiance désespérée et mortifère, de feu et de sang, de destructions et de fureur des éléments, pour rappeler encore que les japonais ont l'art de ne pas toujours s'adresser aux enfants.
Exit la délicatesse, la douceur, les déclinaisons harmonieuses, et les envolées colorées. Ce seront des dessins appuyés, des traits plus durs et des expressions manquant parfois de finesse, mais l'homogénéité, le rythme enlevé, l'humanisme en filigrane, contribuent à l'attrait de cette curiosité. De belles fulgurances émotionnelles, entre violence et contemplation où la découverte des sentiments se dotent subtilement d'alternance de couleur, de contrastes, et de teintes plus lumineuses en regard de l'espoir qui pointe. Du pessimisme ambiant, servi par le cheminement d'Asura et par des décors inquiétants (où certains dessins comme des tableaux feront peut-être penser à Otto Dix), l'auteur signe une oeuvre pesante. Entre surnaturel, où les éléments répondent à la rage du garçon, envolées métaphoriques et scènes de combat hargneuses, c'est aussi l'apaisement et la quête de rédemption par des rencontres salvatrices et formatrices.
Rien d'héroïque ici, le thème reste sévère, les hommes n'ont rien à lui envier de sauvagerie, où face à la misère et à l'instinct de survie, les liens ne font pas le poids.
Une morale un peu faiblarde sauvée par le ton d'une grande noirceur, un thème pour le moins universel pour cette dure et lente appréhension d'un monde voué à la cruauté humaine.
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Créée
le 25 mars 2020
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