J’ai regardé ce film d’horreur sans rien lire du résumé, sans n’avoir lu aucune critique, et je dois avouer avoir été réellement bluffé par ce petit film de genre dont je n’attendais absolument rien. Encore une fois, c’est du côté de la DTV (Direct To Video) qu’il faut se tourner pour assouvir pleinement nos besoins cinéphiliques sur des péloches qui ne connaîtront jamais de sortie ciné. Ce film d’horreur, sortit en DVD le 25 février dernier, aurait amplement mérité d’être découvert sur grand écran tant il brille pour son traitement à la fois minimaliste et énigmatique. Enfin du recyclage de qualité autour de la maison hantée (mais pas que !), avec un monstre qui sort de l’ordinaire, porté par un récit ou plane un mystère oppressant qui nous tient en haleine du début à la fin.
Il y a beau y avoir quelques clichés et clins d’oeil dans par exemple les séquences de la maison hantée avec ses scènes qui durent des plombes, ainsi que cette triste brune à l’imperméable rouge très Roegien dans sa référence (Ne vous retournez pas ! – 1973), sans parler de quelque comportement malheureusement pas tout le temps réaliste, la mise en scène adopte en contrepartie une liberté de ton vraiment surprenante et diffuse des atmosphères inquiétantes à souhait qui forcent le respect : mes rétines étaient accrochées du début à la fin à mon écran sans le lâcher une seule seconde. Il n’y a pas à redire, le réalisateur est vraiment doué et malgré quelques scare-jump très académiques, il joue beaucoup avec le flou et la profondeur de champ pour distiller une horreur vraiment subtil comme on a peu l’habitude d’en voir !
Et puis le scénario est vraiment audacieux dans sa composition et ses partis pris. La mécanique du récit est loin d’être conventionnelle et sort franchement des sentiers battus, s’autorisant une approche osée l’éloignant de toute standardisation. Cette prouesse est vraiment à souligner : Nicholas McCarthy emboîte sans arrêt les points de vue des personnages féminins – qui sont le verni opaque nous dissimulant l’horreur qui règne dans le hors champs narratif ET visuel – sans perdre le spectateur et sans jamais lâcher son histoire et son concept.
La bande-son est elle aussi vraiment original : il n’y a quasiment pas du musique, l’attraction du film fonctionnant sur ses cadrages millimétrés, une photographie terne et glauque à souhait (surtout pour les intérieurs de la maison hantée en fait!), le tout ornementés par quelques sonorités dissonantes et lancinantes discrètes qui happent nos sens et attisent notre attention. Son approche de l’horreur, de l’étrange et de l’épouvante très singulière m’a complètement séduit. De plus, les actrices ont beau interpréter des personnages ordinaires, elles sont bien dirigées et ne cabotinent jamais : tout est en parfaite harmonie.
Et puis toutes les gesticulations des possédées – vraiment bien chorégraphiées et plutôt sobre dans la démarche – sans qu’il n’y ait de cut épileptique dans le montage fonctionnent à la perfection car le cinéaste n’est jamais dans l’esbroufe, et ça c’est agréable comme choix artistique. Excluant intelligemment l’explicatif, McCarthy a une entière confiance en lui et parvient à imposer son style avec une maturité impressionnante pour un deuxième film.
J’aimerais en dire davantage, notamment sur la mythologie et la particularité de la bête (dont on ne sait très peu de chose il est vrai, mais ça la rend encore plus fascinante à mes yeux), mais j’aurais trop peur de spoiler et briser le charme du film car moins on en sait, plus on appréciera cette pépite de genre délicieusement flippante qui se vit intimement autant qu’elle se regarde !