Les propositions d'épouvante se multiplient ces dernières années du côté du cinéma sud-américain et c'est tant mieux ! "Aterrados" ne fera sans doute pas encore figure de fer de lance d'une véritable vague d'un nouveau genre mais il marque un coup d'essai à considérer par ses quelques fulgurances prometteuses.
Cela se ressent d'ailleurs assez vite grâce à la première partie plutôt audacieuse du long-métrage. Extrêmement généreuse en apparitions paranormales, l'exposition de "Aterrados" s'ose à une construction chronologique particulièrement bien pensée à base de mini-retours en arrière pour mieux nous rendre compte d'un étrange phénomène se manifestant auprès des habitants de tout un quartier. Même si, visuellement, le film ne révolutionne rien en se rapprochant fortement du cinéma espagnol des années 2000, il est incontestable qu'il fait preuve d'une certaine efficacité tout autant par une ambiance de mystère qui donne réellement envie d'en savoir plus que par la variété de ses fantômes.
Passé cela, "Aterrados" va faire le curieux choix de se tranformer en presque huis-clos autour de policiers et scientifiques âgés venus étudier la provenance de ces événements surnaturels dans les maisons des victimes. Comme l'a dit un jour un grand sage, "les vieux ça fait toujours mystérieux" dans ce type d'histoire et c'est vrai, dans un premier temps, le film continue sur sa lancée énigmatique en montrant ces scientifiques qui ont l'air d'en savoir bien plus qu'ils ne veulent bien le dire exécuter tout un tas d'expériences pour déterminer la nature du mal... mais "les vieux" c'est aussi hélas très lent.
À ce moment, "Aterrados" a beau continuer d'intriguer, il va connaître une baisse de rythme dont le film ne se relèvera jamais en s'étant fixer sur des personnages à la vitesse de croisière forcément contraire à une dose d'action suffisante pour maintenir un tempo soutenu et, par là même, notre intérêt. Un flic un peu plus jeune que les autres reprendra les rennes de l'intrigue en cours de route pour tenter de la dynamiser mais rien n'y fera, "Aterrados" ne retrouvera jamais sa vigueur enthousiaste des premiers instants jusqu'à son terme (les 1h30 du long-métrage paraissent ainsi durer bien plus). Il y aura bien encore quelques apparitions étranges réussies à sauver et on ne peut que saluer une volonté d'aller au-delà du simple film de fantôme en laissant le champ libre à une interprétation basée sur une résurgence du sombre et sanglant passé argentin dans la modernité nouvelle de la société du pays, toutefois, "Aterrados" n'ira jamais vraiment au bout de cette idée et préférera opter pour la solution facile d'un twist final pas si bête mais finalement très anecdotique au vu des promesses de départ.
Ce troisième film de Demián Rugna est donc une tentative inaboutie d'un cinéma de genre sud-américain encore en train de se chercher et sous forte influence du mouvement espagnol mais il est impossible de ne pas y voir là une proposition malgré tout intéressante et porteuse d'idées augurant un chouette essor à l'avenir. On gardera donc un oeil sur les futures offres argentines en ce domaine surtout si elles font le choix d'une part plus large de singularité qui définirait alors leur propre identité.