Voici un documentaire pour le moins attendrissant que nous propose avec une belle habileté Fanny Molins. Pendant quatre ans, elle s'est immergée dans ce bar d'Arles, dont la survie ne tenait plus qu'à un fil. Pendant tout ce temps, elle a su gagner la confiance des gérants Nathalie et Jean-Jacques, ainsi que celle de toute la bande qui fréquente l'établissement. Les uns et les autres ont leur propre histoire à raconter, avec un oeil malicieux et une tendresse infinie. Tout va mal... Le bar doit être vendu, mais Nathalie et Jean-Jacques n'ont pas les moyens de le racheter. Alors, avec l'aide d'une huissier, ils cherchent des stratagèmes pour retarder l'échéance.
Pendant ce temps, le bar continue dès l'aube à servir café, bière, pastis, nous dévoilant par les témoignages de Nathalie que l'alcoolisme n'est jamais loin et peut faire des ravages. L'ambiance est bon enfant, au grè des chansons fredonnées par les hôtes essentiellement de Johnny. On devine des fêlures liées à l'existence, aux travers de notre société, aux cassures familiales, mais la caméra ne s'apitoie jamais, en gardant une distance respectueuse.
Nous sommes immergés dans cette partie de la France profonde qui n'a pas vraiment d'avenir, beaucoup de problèmes et peu de satisfaction. Tout au plus, les jeux de hasard apportent un soupçon d'espoir, pour envisager un monde meilleur. Heureusement, la solidarité, et les rares moments d'évasion lors de parties de pêche, leur apportent ce qu'il faut d'humanité en leur offrant un bonheur fragile mais limité.
C'est une belle tranche de vie, sensible, formidablement bien transcrite avec une approche lucide et affectueuse. Un très beau travail.
La fin inéluctable se traduira par la fermeture du bar... Mais la porte de derrière sera toujours ouverte !