Quelle joie de revoir ce petit bijou ultra kitsch aujourd'hui, c'est un de mes films d'enfance qui m'avait émerveillé, et je trouve qu'il a gardé son charme malgré quelques naïvetés dans sa façon de dépeindre l'Atlantide, ce continent mythique englouti par les eaux à une époque très reculée. A ma connaissance, je crois que c'est le seul film qui s'est aventuré sur ce sujet, c'est sans doute pour ça qu'aujourd'hui, il reste très méconnu, c'est dommage. Seul un réalisateur comme George Pal était capable à l'époque de traiter ce sujet tel que Platon nous l'a décrit, en prenant quand même pas mal de libertés pour des raisons cinématographiques et purement hollywoodiennes.
George Pal fut réputé surtout pour ses films fantastiques et merveilleux car c'était un fin spécialiste en effets spéciaux qui avait débuté comme animateur de figurines ; après le très beau succès de sa version du roman de H.G. Wells en 1960 avec la Machine à explorer le temps, et même son étonnant conte de fée les Aventures de Tom Pouce en 1958, Pal qui était fasciné par le mystère de l'Atlantide, a abordé le sujet à sa façon, en comblant le public amateur du genre fantastique à grands coups de cristaux aux rayons mortels, de sous-marins antiques, d'humains à têtes d'animaux, de tremblements de terre et lame de fond. Ces effets feront sans doute sourire de nos jours, mais ils sont pas si mal et ont bien plus de charme que les CGI.
La MGM a confié à Pal un bon budget qui a permis quelques décors grandioses (avec aussi quelques maquettes visibles mais sympathiques), et surtout, il a réussi un curieux mélange de péplum et de science-fiction en montrant une civilisation antique en avance sur son temps et disposant d'une technologie hardie, d'où une impression étrange de conte de fée SF. Le déclin d'Atlantis est expliqué par des raisons plausibles : vie en autarcie, civilisation qui devient corrompue et trop imbue d'elle-même, volonté de puissance, erreurs politiques... et sa chute est précipitée par une maladresse.
Mis à part ça, les personnages sont assez schématiques, on a la princesse romantique, le vieux roi noble mais dépassé, le scientifique un peu fou, le grand prêtre pacifiste, le brave pêcheur grec qui tombe amoureux, et le fourbe comploteur qui veut le pouvoir ; ce rôle est parfaitement joué par John Dall, seul acteur vraiment connu avec aussi Edward Platt dans le rôle du grand prêtre car le cast est dépourvu de vedettes. Les séquences de destruction sont donc assez réussies pour l'époque, on y remarquera des scènes empruntées au film Quo Vadis durant l'incendie de Rome, elles sont assez bien insérées mais on peut y reconnaitre furtivement Deborah Kerr. Quant aux esclaves à têtes d'animaux, c'est sans doute un petit hommage à L'île du Dr Moreau (d'après aussi H.G. Wells). Voila donc un film purement d'évasion qui est destiné à émerveiller sur une civilisation fascinante et qui récolta un joli succès à sa sortie, il mérite qu'on s'y intéresse.