Après avoir fait ses débuts dans le cinéma du côté de la Cannon, Lloyd Kaufman s’est ouvert une nouvelle voie en découvrant que la série B possédait une frange non négligeable de fidèles qui ne juraient que par l’hémoglobine et les nichons. Le cinéaste a beau être un adepte des cahiers du cinéma, de Shakespear et des comédies musicales de Broadway, il n’en reste pas un moins un homme de bon goût qui aime le gore, la bonne chair, mais surtout la transgression. Avec son acolyte Michael Herz, il a donc fondé la Troma dans les années 70, mais ce n’est que dans le courant des années 80 que la firme commencera véritablement à se faire un nom dans l’industrie grâce au succès de Toxic Avenger. Le studio peut d’ailleurs bien se targuer de ne rien faire comme les autres, même si parfois ses productions ressemblent étrangement à d’autres série B sortie peu de temps auparavant. C’est le cas notamment de ce Class of Nuke’Em High, variation décalé de Class of 1984, où les mauvais élèves imposent leur loi aux professeurs dans l’hystérie communicative. Pourtant, le film s’éloigne rapidement de cette influence pour s’intéresser aux amourettes de lycéens, les rivalités de couloirs, concours de bite et de popularité, et toutes les préoccupations d’ado typique de la comédie Yankee, excepté que le producteur les pervertit pour livrer une comédie toute azimuté qui n’épargne ni l’institution ni ses principaux acteurs toujours avec cet esprit très hara-kiri. On devine néanmoins que Lloyd Kaufmann a dût faire pas mal d’ingérences sur ce projet de Richard W. Haines son coréalisateur qui en a également écrit le scénario et assurer le montage. C'est probablement ce qui poussera ce dernier à faire cavalier seul pour la suite de sa carrière.


Si l’année 1986 fût marquée par la catastrophe de Tchernobyl, Tromaville ne fut pas moins victime elle aussi d’un incident nucléaire majeur. Fort heureusement, si les nuages atomiques se sont arrêtés à la frontière franco-allemande, les autorités compétentes de la ville nous assurent que tout est sous contrôle, et qu’aucune fuite radioactive n’est à déplorer. Vraiment ? Bâti juste à côté du lycée, la centrale de Tromaville souffre d’un état d’altération que n’avait pas anticipé son obèse de patron dont les saintes déclarations tendent à rassurer la population au mépris de la santé de ses habitants et de tout bon sens. Les ados se mettent alors à muter sous l’effet des radiations tandis qu’une bande de punks bigarrés tentent de renverser l’institution et alors qu’un têtard se met à croître ardemment et à tout ravager sur son passage. Comme à son habitude le producteur toujours enclin à asséner quelques coup de pied dans la fourmilière ne se contente pas seulement d’apporter une réflexion sur les préoccupations écologique de l’époque. Ce sujet lui permet comme toujours de livrer un pamphlet contre l’Amérique Reaganienne et les excès de la société de consommation mais il traite également du harcèlement scolaire, des dérives et failles du système dont cherchent à profiter une nouvelle génération de délinquants atteinte par le fétichisme des armes à feu. Et si on prend l’affaire sur le ton de la dérision, cette vision reste néanmoins assez prophétique au vu des événements qui entacheront à jamais la mémoire collective lors du massacre de Columbine une dizaine d'années plus tard.


Evidemment, Class ofNuke’Em High reste avant tout une comédie gore et potache sur l’âge bête où les hormones sont en ébullition, où les garçons ne raisonnent que parce qu’ils ont dans leur caleçon. Le film souffre certes parfois des mêmes défauts que d’autres productions maison jamais avare en cabotinage et qui ont cette fâcheuse manie de partir en vrille dans tous les directions même si on retrouve ce fétiche pour le slapstick hérité de Charlie Chaplin et ce mariage des genre qui lorgne toujours vers la satire social. Celle-ci parvient néanmoins à conserver un certain équilibre et on s’amuse autant de ses gags outranciers que de ses déformations morphologique spectaculaire et effets multicolore digne des maquillages de Jennifer Aspinall qui avait préféré céder sa place, trop occupée sur le tournage de Spookies puis du sacrosaint des saints Street Trash de Jim Muro. En définitive, le binôme est tout de même parvenu à livrer une copie sans faute majeur et même une oeuvre de référence qui donnera d’ailleurs quelques suites malheureusement moins inspirées.


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Le-Roy-du-Bis
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le 30 août 2024

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