(Critique d'époque)
Dernier buzz raté du genre, découvert par les cinéphages et cinéphiles fin 2011, ce fake-home-movie-qui-tourne-au-drame hispano-mexicain sort en DVD le 11 avril. Ne vous précipitez pas. D’abord, Atrocious est tellement réaliste qu’on croirait voir une vidéo de vacances, plutôt maîtrisée en l’occurrence mais sans imagination. Les jeunes recrues dont on sait que l’horizon proche n’est que terreur barbaque s’épanouissent au sein d’un cadre bucolique. Mais les ruines de ce vieux domaine, si elle constituent un bel arrière-plan propice à activer l’imagination, ne servent que de cache-misère.
Dans son ensemble et peut-être par paresse ou fidélité aux tics du fake home movie horrifique, Atrocious noie le spectateur dans une avalanche de péripéties anecdotiques. D’ailleurs on ne passe pas à côté des portraits psychologiques creux et insistants, ni, naturellement, des faux départs bien balourds qui ne servent qu’à faire reculer l’échéance du "mystère" ou de l’ "horreur" (c’est plutôt la seconde option ici), tout cela sans pour autant instaurer un climat. Notons que c’est peut-être ça, le problème de forme que tous les auteurs de ces "documenteurs" semblent ne pas prendre en compte depuis Blair Witch – certains films reliant le principe à celui de la TV réalité, à l’instar de My Little Eye, réussissent au moins à donner un peu d’épaisseur, sinon à leurs propos, au moins à leur récit.
On en voit bien trop les ficelles ; c’est une fabrication, sans doute réfléchie et calculée (quelques courtes séquences très soignées –autour de la TV– le démontre), mais qu’on dirait improvisée par des techniciens en herbe aussi avisés que précocement rigides. Autant prévenir : les citations cinéphiles sont au rendez-vous.
D’ailleurs, ô surprise, la dernière partie consiste en une sorte d’agitation en forêt, sans qu’on ne puisse trop déterminer si le spectacle relève de l’authentique course-poursuite ou de la psychose collective. Le film s’achèvera en reboot, assez réussi car plus intense et plus généreux, de Paranormal Activity, avant de cracher une résolution bien asiatique.
C’est agréable au coup-d’œil mais trop vain pour tenir la distance du long-métrage. En pur exercice de style d’une demie-heure, Atrocius débordait déjà, mais aurait au moins pu se présenter pour ce qu’il est, c’est-à-dire une future carte de visite pour ses auteurs habiles, mais pas très créatifs.
http://zogarok.wordpress.com/2012/03/27/atrocious/