Après avoir pompé le jong du cinéma américain des années 70 jusqu’au sang (on ne compte plus le nombre de réals qui au cours des 10 dernières années ont eu pour note d’intention de renouer avec la veine du cinoche US seventies), il semblerait que la mode soit aujourd’hui de déclarer son amour aux divertissantes eighties. Une quinzaine de jours avant le trip nostalgique Super 8, revival Amblin signé J.J. Abrams, voici donc qu’Attack The Block surfe sur la même vague, se réclamant volontiers des prods de tonton Spielberg. Bon, en fait, dans le dossier de presse, s’il parle bien d’ET ou Gremlins, Joe Cornish cite davantage les péloches de Carpenter comme source d’inspiration. Mais faut pas nous la faire hein. Bah ouais Joe, que tu ne le veuilles ou pas, ton film ressemble plus à un Goonies pour golmonds qu’à The Thing et consorts. Et ce n’est pas la hype geekos qui entoure l’affaire qui va masquer les lacunes de ce premier effort faussement subversif mais véritablement très con. Hymne à la racaille.
Old School
Comment créer du buzz ? A cette question de 3ème cycle marketing, la réponse proposée par Attack the Block est d’une efficacité redoutable. La mention “par les producteurs de Shaun of the dead” apposée au cul de l’affiche de cette comédie british comptant à son casting le toujours très sympa Nick Frost aura, en effet, suffit à faire tourner les têtes sur la toile. Et de poindre les comparaisons avec les films d’Edgar Wright (Scott Pilgrim), dont Cornish est un des « nigga », puisque les deux potes ont co-écrit le scénar du prochain Tintin. Rien que ça. Pourtant, loin de se rouler dans la fange référentielle caractéristique du père Wright, Attack the Block n’a pour d’autre ambition que d’être un divertissement à l’ancienne, dégagé de l’esthétique numérique devenue aujourd’hui la norme. Mais, s’il est vrai que les rares plans gores au plastoc font leur petit effet (c’est toujours aussi sympa de voir un mec se faire arracher la jugulaire), le reste du métrage pèche, lui, à peu près tous les niveaux. Tro cramé koi.
Monstres contre Aliens
Avec grosso-merdo 9 millions de biftons, Cornish ne fait pas de miracle, s’appliquant à délivrer un produit carré mais dénué de toute personnalité, un objet sans trop de fautes de goût majeures mais totalement inoffensif. Alors même que l’étroitesse de budget permet souvent aux réals de se lâcher, Jojo, lui, nous joue la même partition d’un bout à l’autre de sa péloche. Pas question de se mouiller. Du coup, on s’emmerde royalement pendant la majeure partie du métrage. D’autant que, non content de nous servir une soupe visuelle bien tiédasse, sa description de la jeunesse britannique est emprunt des mêmes maux en même temps qu’elle glorifie la génération wesh wesh. Thug life.
Gang Bang
Capuches, bonnets péruviens ridicules, air max aux pieds et sourcils froncés, les ados d’Attack The Block ont la panoplie archétypale parfaite de la jeunesse dite à problèmes. Des gros cons qui n’hésitent pas à dépouiller une infirmière rentrant seule chez elle. Sauf que pour que l’empathie fonctionne un tant soi peu (et par peur, sans doute, de se voir pointé du doigt par des hordes de bien-pensants à tendance gaucho), ces gros branleurs sont vite présentés sous un jour bien plus acceptable pour le pekin moyen. De fait, ces ados sont sympas en vrai et ne sont finalement que le fruit de leur environnement, devant composer avec des parents absents etc. Les pauvres. Le couplet habituel quoi. Et puis même que s’ils avaient su que l’infirmière était du même tiékar qu’eux et ben ils l’auraient laissée tranquille. Bah ouais c’est comme ça sur le ter ter, t’as vu. Solidaire, si si. Ils l’auraient même sans doute aidée à porter ses courses tiens… Outre cette abondance de clichés nauséeux qui feraient passer La Fouine pour un sociologue du dit microcosme, Cornish réussit le tour de force d’ériger en héros le plus trépané de la bande (celui qui, notamment, déclenche tout ce bordel en décidant de massacrer un alien ou encore est trop jouasse d’être promu dealer par le boss du coin), un certain Moïse qui, au passage, réussira à sauver son cul de l’explosion finale en s’agrippant à un drapeau du Royaume. Oh putain, quel symbolisme Joe ! J’en ai mal au fondement.
Dépourvu de la moindre personnalité, incapable de faire preuve d’une once d’originalité, le premier film de Joe Cornish est un ratage quasi total qui, de plus, se complaît dans la bêtise la plus crasse. Car, sans anti-jeunisme aucun, le point de vue proposé par Attack The Block quant à sa jeunesse des quartiers populaires laisse quand même songeur. En gros : des demeurés qui roulent des blunts, ne sont bons qu’à squatter leur console, dépouiller des passants ou jouer les dealers. Et par on ne sait quel miracle, voilà qui serait cool !? Alors, si dérrière son côté film générationnel, les 12-16 ans y trouveront peut-être leur compte (ça cause jeux-vidéo, ça fume et parle comme dans un morceau rap), force est de reconnaître que chez Geek Culture, on est décidément trop vieux pour ces conneries…
*Chronique rédigée lors de la sortie en salles