Voici un des ratages les plus rageants de l'année.
Le Pitch m'a fait saliver pendant trois semaines : une bande de délinquants à la petite semaine aux prises avec des extra-terrestres belliqueux ! Un simple dose de talent et de générosité aurait suffit à faire de ce projet LA curiosité de l'été, le petit truc dément qu'on conseille à tous ses potes : " Vas voir ça tu vas délirer ! "
Mais Joe Cornish n'affiche au cours du film qu'un seul talent : celui de systématiquement bousiller les outils cinématographiques les plus élémentaires.
Présentation des personnages : ils sont tous interchangeables, et on ne peut décemment en aimer aucun. La scène où ils se séparent pour s'armer chacun chez soi et d'une confusion totale, et plus tard dans le film, qu'ils vivent ou meurent me laisse complètement indifférent. De plus à la fin quand les survivants gagnent on est sensé être super content pour l'héroïsme déployé, mais je n'ai pas oublié qu'il y a quatre-vingt minutes à peine, c'étaient rien que des fils-de-putes !
Au moins dans Misfits les délinquants affichent des traits plus nobles pour les racheter. Loyauté, sens de la justice, don de soi... Là les mecs n'agissent que par pure agressivité. Cornish ne filme qu'un affrontement de bêtes féroces.
Effets d'annonce : pathétiques. Un exemple ? Au début du film, un des gamins voit un endroit où il aimerait bien sauter d'un mur à l'escalier. " Ooh comme j'aimerais le faire, oh ça oui ! " Le scénario sur cette page avait cinq épaisseurs de stabilo ! Et donc quand vient le moment où il fuit les monstres, hop il saute, hop le monstre il saute aussi... Ça dure trois secondes, ça valait bien la peine de nous faire chier avec trente secondes d'exposition sur cet endroit.
Tout le film est fabriqué comme ça : du stabilo partout pour mettre l'accent sur les évènements les plus ringards à venir.
Photo : c'est Plus Belle La Vie en scope et tourné de nuit avec une seule mandarine.
Design des monstres : on entre là dans la blague la plus meurtrière du film. Les Aliens sont clairement des mecs en costumes à échasses avec des dents fluo. Ça m'a rappelé cette scène géniale dans Les Ensorcelés quand Kirk Douglas découvre avec stupeur les costumes des hommes-chats... Joe Cornish on lui fait la même, il crie : " Moteur, Action ! "
Constat social : non content de glorifier des loubards sans une once de rédemption, Joe truffe son film de détails transgressifs pour impressionner les vrais loubards qui iront voir son film. Meilleur exemple : de la drogue à gogo, cultivée par un rapeur de merde avec un gun, rien que ça !
Et si encore il s'en était servi, comme dans le débile-mais-mignon The Faculty, pour montrer que la drogue peut sauver le monde, ou tout message VRAIMENT transgressif et potache... Mais non ! Ces éléments sont juste là pour planter le décor, qu'on sache bien comment vivent ces drôles de bestioles du sud de Londres...
Voilà comment en peu de temps, le petit projet alléchant de l'été s'est transformé en cauchemar insondable. Ajoutons à ça que les enchevêtrements du scénario n'ont aucun foutu sens : peu avant le climax on apprend que les Aliens n'avaient qu'un souhait depuis le début, c'est de baiser. Et comme le "héros" a des phéromones sur lui, il était une cible privilégiée. Mmh, OK. Mais alors pourquoi les Aliens ont-ils BOUFFE les flics et les défunts potes du héros ? Leurs crocs sont ils en fait leurs organes reproducteurs ? La femelle aurait passé un sale quart d'heure !
Et puis une fois que cette information tombe, les Aliens se réunissent dans un appart' à glander... Alors que depuis le début ils attaquent le bloc sans relâche. Juste pour que les humains leur tendent le piège le plus con du monde et tout faire péter.
Trop facile, trop feignant, trop douloureux.