Attack the Gas Station fut mon premier film coréen, vu complètement par hasard, et il m'avait à l'époque marqué par son originalité. Revu aujourd'hui, et c'est avec plaisir que je constate qu'il n'a pas pris une ride.
Quatre jeune désœuvrés attaquent pour la seconde fois en 2 jour la même station service. Mais cette fois, ils décident de s'installer et de jouer les employés.
Le film mélange à la perfection les genres et dégage une sympathie qui emporte l'adhésion de son spectateur. Les rencontres sont multiples et marrantes, entre les clients, les voyous, les employés, le directeur, les flics, les livreurs de bouffe, etc, un patchwork qui propose une galerie de portraits variés et attachants. L'ambiance nocturne ajoute un parfum de douce mélancolie, d'abandon dans la ville désertée.
Mais surtout, Attack the Gas Station parvient à distiller une certaine poésie, sans aucune lourdeur. A travers des comportements de prime abord anarchiques, nos quatre lascars révèlent leur rêves passés à la broyeuse d'une société hiérarchique et sclérosée, dont ils vont enfreindre les règles et provoquer une réaction en chaine de bouleversements dans les vies stéréotypées de leurs "victimes" (le racketté qui se découvre une ascendance sur ses bourreaux, les voyous qui se mettent à la chanson, le dirlo qui répare ses téléphones, les flics obligés de payer leur essence...). Et tout cela est amené avec un humour qui fait mouche. Enfin, il convient de signaler le très bon jeu d'acteur, aussi sobre que gueulard.
Un bon petit film, bien sympathique, qui ne révolutionne rien mais qui développe tout en douceur une critique mordante agréable. Et puis, rien que pour la découverte du châtiment disciplinaire "Tête au sol", tellement asiatique.