Double trouble
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le 16 juin 2011
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Ah là là, c’est fou ce besoin de nostalgie parfois dans le cinéma. Ce besoin d’un moment complètement régressif où on se retrouve 25/30 ans en arrière, à regarder un film avec un grand sourire en se remémorant nos années d’insouciance. On a tous ce genre de moment, ce genre de besoin. Et moi, quand ça se manifeste, je pioche un film dans ma collection de Bud Spencer et Terence Hill. Je les ai bien vu une trentaine de fois chacun (même si certains sont passés entre les mailles du filet) mais ils me font tout le temps le même effet : je me marre comme un con devant. Ce coup-ci, je me suis lancé dans Attention les Dégâts (1984), pour moi le dernier bon film du duo. Au programme : Brésil, carnaval, humour bon enfant, deux fois plus de Bud Spencer et Terence Hill, et surtout des claques ans la gueule !
Attention les Dégâts est l’avant dernier film du célèbre duo sur leurs 17 collaborations. Et c’est donc surtout leur dernière réussite, le mauvais Les Super-Flics de Miami (1985) n’arrivant jamais à la cheville de Deux Super-Flics (1977), et le trop moyen Petit Papa Baston (1994) sortant beaucoup trop tard. C’est également leur dernière collaboration en duo avec le réalisateur Enzo Barboni (sous le pseudo E.B. Clucher) qui les avait mis sur le devant de la scène avec le culte On l’appelle Trinita et avec qui ils avaient déjà travaillé sur On Continue à l’Appeler Trinita (1971), Et Maintenant on l’appelle El Magnifico (1972, juste Terence Hill), Les Anges Mangent Aussi des Fayots (1973, juste Bud Spencer), Deux Super-Flics (1977), Quand Faut y Aller Faut y Aller (1983), et Renegade (1987, juste Terence Hill).
Pour cette nouvelle aventure du duo, c’est le Brésil qui est choisi, pays dans lequel Bud Spencer a d’ailleurs vécu plusieurs années. Toujours la même recette qui a fait leurs heures de gloire, si ce n’est qu’ici, pour le même prix, on a droit à deux fois plus de Bud Spencer et Terence Hill puisque chacun interprète deux personnages : deux riches hommes d’affaires un peu précieux, et leurs sosies bien plus modestes, bien plus comme on a l’habitude de les voir. Leurs penchants bourrés de pognons sont des personnages peureux, lâches, très maniérés, l’un (celui de Bud Spencer) abonné chez un psy à qui il raconte tous ses petits tracas de la vie, l’autre (celui de Terence Hill) qui est dans une relation 200% platonique avec la belle donzelle du film. Leurs penchants beaufs sont eux comme on les connait. Bud Spencer, c’est le pachyderme tranquille, un brin bourrin, un brin bourru, celui qui distribue des bonnes grosses claques dans la gueule. Terence Hill, c’est le malin, le casse-cou un peu fouille merde, le coureur de jupon, bien plus acrobatique lorsqu’il faut balancer deux ou trois coups sur des sbires crétins. Ils ne se connaissaient pas au départ, ils n’ont pas du tout le même caractère, mais à la différence de leurs autres films, ils vont rapidement se supporter, faire équipe, et même être complice. Le signe de la maturité du duo ? Peut-être. Une chose est sûre, c’est qu’ils semblent s’amuser comme des petits fous, et nous avec.
Très vite, on va se rendre compte que le scénario ne va être prétexte qu’à enchainer des situations bien absurdes dans lesquelles nos deux comparses vont s’éclater à incarner un rôle dans un rôle. Attention les Dégâts est beaucoup plus axé « comédie » que beaucoup de leurs bobines. Non pas qu’elles ne soient pas comiques, bien au contraire, mais ici, les gags vont s’enchainer à très grande vitesse. C’est un peu Bud Spencer et Terence Hill en vacances, et ils s’éclatent. C’est aussi peut-être ce qui fait que les fans du duo sont divisés à propos de ce film. Car du coup, il n’y a pas vraiment de cohérence dans leurs aventures. C’est quiproquo sur quiproquo et le film en devient presque un cartoon live. C’est parfois absurde, souvent burlesque, avec toujours les codes de leurs films (les gros repas, la destruction de bar, un chef des sbires ennemis très charismatique, un thème musical simple qui reste longtemps en tête, et une bonne humeur communicative).
C’est vrai que plusieurs scènes ne servent à rien (celle chez le psy, le rendez-vous avec la demoiselle), mais au final, qu’importe, car ça marche. Certains gags sont à mourir de rire, juste que dans les grosses bagarres. Elles ne sont certes pas nombreuses, c’est d’ailleurs ce qui est souvent reproché au film, deux en tout et pour tout si on ne prend pas en compte celle de 30 secondes contre les motards, mais elles restent malgré tout dans le ton de ce qu’on espère voir quand on se lance dans un Bud Spencer et Terence Hill. Les cascadeurs se lâchent complètement (on reconnait certains habitués) et la baston finale a un côté « inédit » puisque les 2 « clones » se mêlent à l’histoire (même s’ils ne savent pas se battre). Oui, Un Bud Spencer et un Terence Hill, ça va, mais deux Bud Spencer et Deux Terence Hill, attention les dégâts. Il est à noter que les scènes où les quatre personnages sont dans la même pièce sont très réussis pour l’époque.
Même s’il divise, Attention les Dégâts reste sans doute la dernière réussite du tandem Bud Spencer et Terence Hill. C’est familial, c’est bon enfant, c’est rempli de gags, ça distribue toujours de la bonne grosse claque qui claque, et les deux acteurs font le show. Que demander de plus ?
Critique originale : ICI
Créée
le 21 juin 2019
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