une moitié de madeleine...
Hommage à la madeleine de Proust, Attila Marcel est un joli essai sur les souvenirs.
Paul, jeune pianiste, étouffe sous la férule de 2 tantes, vieilles filles pleine de principe d'un autre age.
Muet, souffrant en silence, il s'isole lentement dans une dépression qui le gangrène depuis son enfance, seul l'utilisation de son piano lui permet d'exprimer ses tourments internes et de lutter contre la vide de sa vie tristement monotone.
C'est la rencontre salutaire avec une voisine excentrique, adepte de la botanique et des tisanes que ne renierait aucun coffee shop digne de ce nom, qui va lui permettre de s’extirper enfin de son cocon de misère affectif.
En le forçant à voyager dans son passé et redécouvrir ainsi l'amour de ses parents disparus trop tôt, elle permettra à Paul d'exister et de connaitre l'apaisement qu'il lui fait cruellement défaut.
Le film est assez inégal: original et poétique (enfin de la nouveauté dans le cinéma français) il oscille entre scènes délicates et lourdeurs scénaristiques.
Si la trame de l'histoire reste solidement charpentée, le scénario souffre aussi d'un trop plein d'idée qui nuise à la petite musique de l'ensemble.
Quelques scènes sont franchement dispensables (les cours de danse par exemple), tout comme certains comédiens dont on se demande si la présence n'est plus qu'un prétexte à les faire jouer par hommage ou par camaraderie que par réelle utilité...
Il en est de même pour les dialogues: des passages sont intelligents, touchants et passionnants, d'autres franchement indigestes... heureusement que la musique, qui est particulièrement présente, accompagne le tout avec beaucoup de justesse.
La mise en scène et les décors pourrait nous faire penser à du Jeunet ou du Michel Gondry, cependant le film évite l’écueil d'imiter et impose avec tact et créativité sa propre identité visuelle.
C'est jolie, doux, avec quelques écrins de tendresse qui invite à la rêverie.
Une belle invitation finalement qui tranche avec la plupart des pseudos films plein de chichi intellectualisant de prétention esthétique (Wes Anderson par exemple...)
En résumé, Atilla Marcel est un beau premier essai malgré ses faiblesses et je ne doute pas que Sylvain Chomet saura nous créer des petites merveilles à l'avenir.