Ni mauvais, ni excellent, "Batman le défi" laisse perplexe tant le film est bancal et paradoxalement traversé d'idées géniales.
Il est assez compliqué en somme de créer un film de super héros original, le style ne laisse pas vraiment le choix: soit on l'aborde frontalement dans un esprit ludique en épousant joyeusement la farce et le grotesque de l’énormité des récits et des personnages, soit on essaye d'en tirer une œuvre psychologique forte par une vision sérieuse au premier degré marqué.
En ne répondant à aucune de ces 2 orientations, "Batman le défi" essaye maladroitement d'imprimer son identité visuelle propre au genre et à exister durablement en tant qu’œuvre fantastique.
La première chose qui m'a frappé dans cette suite, c'est l'immense présence du "Pingouin", rôle porté admirablement par De Vitto, présence qui éclipse totalement la prestation fade de Michael Keaton, décidément pas à sa place dans ce rôle de Batman. Il faut être honnête, le film est porté de bout en bout par cet acteur. Toute son ambivalence, son mental torturé, sa cruauté, son génie et sa maladresse fait écho au travail de Jack Nicholson en tant que joker dans le premier film de Batman.
Autre point positif c’est évidemment la présence de Catwoman.
On a pas encore fait mieux qu'ici pour transposer cette héroïne dans un film: quelle présence et quelle félinité !
Derrière le masque, Michelle Pfeiffer nous en livre une belle prestation: personnage érotique et dangereux, le langage avec elle se fait cru ou délicieusement pervers, la musique accompagne l'ensemble en donnant un relief inquiétant à ses actions et le cadrage des scènes est suffisamment inventif pour nous livrer une sensation de souplesse permanente inhérent au chat dans ses déplacements.
Malheureusement lorsque de tels personnages sont si investis, il est plus que regrettable que le héro ne soit qu'un pâle faire valoir, presque transparent et insignifiant face à eux. Comment dès lors insuffler la folie et la tension dans ces conditions, surtout si le film prend place dans un univers sombrement gothique ? Cette faiblesse se résume dans la contradiction entre un pôle de négativité malsaine particulièrement brillant face à un gentil scout assez gauche socialement et humainement.
Sans grand mal, pas de super héros, sans vrais super héros, pas de lyrisme dramatique dans l'histoire.
Ainsi, Tim Burton rivalise d'inventivité pour exprimer sa créativité baroque mais perd à instaurer une continuité d'atmosphère dans le récit.
La mise en scène n'est pas en reste: l’alternance de scènes glauques et profondes et de scènes infantiles et maladroites achèves de dérouter (mentions spéciales à la plupart des scènes d’actions avec les hommes de mains du Pingouins, c'est juste pathétiquement nul), sans compter qu'une bonne partie des dialogues n'est pas très inspiré.
Enfin, cette impression permanente de claustrophobie qui noie les décors me gène beaucoup: Batman, c’est avant tout l'espace et le mouvement, ici tout est réalisé en studio et souvent dans des espaces confinés.
Peut être est ce du à une volonté du réalisateur pour transposer l'enfer mental qui conditionne en partie le Pingouin, être de petite taille, plongé parmi la normalité et la gigantisme des bâtiments à l'extérieur (enfin, ça reste une théorie personnelle) mais cela en vient à gâcher beaucoup de scène d'action qui semble être bridé dans leur chaos.
en somme, toute cette ambivalence de création qui oscille entre faiblesse permanente et gros travail d'imagination fait que je n'arrive pas à adhérer à ce film qui n’est pourtant pas anodin et à le mérite de proposer une noirceur bienvenue dans cet univers de super héros.
Dommage.
Cyann_Kairos_De
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le 1 mai 2014

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