La féline.
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La première aventure cinématographique mise en scène par Tim Burton ayant engrangé un sacré paquet de pognon à travers le monde, la Warner décida de laisser les pleins pouvoirs au cinéaste, à la base peu motivé à l'idée de se coltiner à nouveau une entreprise aussi lourde. Si le succès fut au rendez-vous, les producteurs eurent l'occasion de se bouffer les pouces des deux mains, tant la direction prise par la franchise essuya l'ire des parents s'attendant à voir un spectacle familial inoffensif. Même le tout puissant MacDonald pris la décision de mettre fin à une collaboration pourtant juteuse.
Il faut dire aussi que cette fois, Tim Burton y est allé franco. Autrefois intimidé par l'ampleur de la tâche et devant sans cesse jongler avec les différents impératifs commerciaux, le créateur de Beetlejuice peut enfin laisser libre cours à sa folie créatrice, mettre en images ce qu'il voulait depuis le début. En pleine possession de ses moyens, Burton livre donc un spectacle grandiose et exaltant, parfaitement rythmé et bénéficiant de superbes décors, costumes et maquillages, parvenant à éviter les pièges du précédent opus.
Tout en conservant le ton décalé et cartoonesque qui a fait le succès du premier volet, Batman Returns va aller bien plus loin, injectant au délire spectaculaire commandé par la production une forte dose de poésie et d'amertume chère à son cinéaste. Car si l'on a souvent reproché à Burton de ne faire du personnage mythique de Batman qu'un simple pantin secondaire, la démarche est pourtant loin d'être gratuite et anodine.
Ayant toujours clamé haut et fort sa différence, son désir de ne pas appartenir à un conformisme qu'il juge nuisible et meurtrier, Tim Burton va ainsi se servir du Caped Crusader pour illustrer pleinement son propos, là où le précédent film ne le permettait pas suffisamment. Tout en prenant soin de conserver toute la dualité d'un héros partagé entre son devoir, ses désirs et ses démons, le cinéaste et ses scénaristes utilisent Batman comme un réceptacle des névroses des différents protagonistes de ce cirque infernale, le but principal de Burton étant d'esquisser une ode vibrante aux freaks en tous genres.
Habité par un amour incommensurables pour ses personnages fracassés, Tim Burton en fait des êtres fragiles et complexes, loin de tout manichéisme. Qu'il s'agisse d'un homme difforme ayant décidé de faire payer au monde la lâcheté de ses parents, ou d'une femme bafouée laissée pour morte métamorphosée en vigilante castratrice, il émane de ses "bad guys" une émotion à fleur de peau, une beauté suprême les transformant en pures figures tragiques. Le véritable monstre de cette histoire aura un visage bien humain, celui de la cupidité, celui du profit à tout prix, celui d'un Christopher Walken tout simplement impérial.
Enfin à l'aise dans les habits trop grands de Batman, Michael Keaton compose un Bruce Wayne lunaire et romantique, plus apaisé, au coeur d'une sublime histoire d'amour impossible. Sa superbe partenaire est la véritable révélation du film, une Michelle Pfeiffer transfigurée dans un rôle casse-gueule, tout à la fois dangereuse, belle à se damner et proprement bouleversante. Face à eux, Danny DeVito trouve peut-être son meilleur rôle à ce jour, trouvant, derrière un maquillage remarquable, toute l'humanité se cachant sous des traits ignobles et une violence implacable ne connaissant plus de limite.
Porté par la puissance sidérante de la partition d'un Danny Elfman au sommet de son art, Batman Returns est l'exemple parfait du blockbuster intelligent sublimé par son auteur. Un poème bouleversant et beau à en pleurer, une des plus belles oeuvres de son créateur et un film qui me colle des frissons à chaque visionnage malgré ses petites maladresses.
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le 30 déc. 2015
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