J’ai vu ce téléfilm, qui a sa sortie avait été diffusé à la télévision en épisodes, il y un certain temps déjà donc mon post se situe entre le statut et la chronique détaillée.
Réalisé par Edouard Molinaro, davantage connu pour ses comédies (Oscar, L’emmerdeur…), « Au bon beurre » brosse un remarquable tableau de la France sous l’occupation avec une mise en scène criante de vérité et porté par de bons acteurs (Hanin et Ferréol bien sûr mais aussi Catherine Allégret, ou encore Jean Claude Dauphin dans le rôle d’un jeune résistant idéaliste).
Le couple de commerçants immondes (la méchanceté et la cupidité incarnées) joué par Roger Hanin et Andréa Ferréol est remarquable (le genre d’individus abjects à faire des courbettes aux allemands puis à se foutre d’eux quand les Américains avancent vers Paris et enfin à sortir le drapeau français et fêter la Libération), et il est vraiment représentatif d’une certaine France de collabos, profiteurs et opportunistes. Qui au final s’en sortira comme beaucoup de ceux qui ont joué un rôle trouble et ambigu de 1940 à 1944. Car c’est toujours plus facile quand on sort de la guerre en ayant fait fortune grâce à elle. Et quoi de mieux qu’une bonne guerre et les tickets de rationnement qui vont avec pour s’enrichir quand on est crémiers.
Marché noir, collabos, dénonciation…tout un passé qui fait peur est passé au crible.
Un téléfilm "grand public" certes mais un téléfilm de qualité car il restitue magnifiquement une certaine France de l'époque, celle des profiteurs, qui vont dans la sens du vent mais qui sont prêts à retourner leur veste quand le vent change de direction…
C’est surtout la France lâche qui est auscultée, celles des « petites gens » qui profitent en période guerre (ou de paix, mais la guerre accentue ces traits) au détriment des autres, prêts à s’allier à n’importe qui, à soutenir Pétain ou d’autres tant qu’on y trouve son compte et qu’on se fait une place. Pétainiste un jour, gaulliste le lendemain.
Les plus méprisables en fait car ils n’ont aucune conviction. Juste celle de l’argent et du (petit) pouvoir que celui-ci procure. Des opportunistes comme les guerres en fabriquent des milliers.
Le portrait d’une époque qui fait honte mais qu’on ne doit pas refuser de voir.
Le tout précisons-le étant tiré d’un roman de Jean Dutourd.
Un téléfilm assez réussi donc ce qui mérite d’être signalé car peu de films abordent ce sujet avec autant de réalisme.
6.5/10