Adapté de l'univers loufoque de Daniel Pennac Au bonheur des Ogres détermine - involontairement, certes - les limites du cinéma et de sa crédibilité intrinsèque. Sans être réellement antipathique le film de Nicolas Bary n'en demeure pas moins raté et souvent ridicule dans les situations qu'il présente lourdement : campé par des comédiens et des comédiennes laborieusement dirigés ce thriller mal branlé ( mélange de mièvrerie gentillette et de méchanceté acidulée ) fait montre d'un scénario épars, effectivement parfois audacieux dans ses propositions mais sans cohérence aucune, poussif jusqu'au grotesque et visuellement hideux.
Ce qui pouvait éventuellement passer dans le roman originel ( dans la mesure où la littérature se débarrasse plus facilement des contraintes et des conventions réalistes que le Septième Art, car pratiquement inépuisable dans l'ouverture de son champ des possibles...) devient ici rapidement insignifiant sur le plan émotionnel ; difficile alors de s'attacher à cette famille criblée de stéréotypes usés jusqu'à la corde. Entre une jeune fille mystique tirant les cartes toutes les dix minutes, un adolescent caractériel parlant comme un charretier ou encore un petit garçon malentendant mignon tout plein les personnages sont à l'image des punchlines jalonnant l'ensemble du métrage : gratuits et proches du running-gag inconsistant.
L'esthétique pisseuse des images et des décors, les séquences mal raccordées les unes avec les autres et le montage effectué à la truelle en règle générale font de ce conte mi-figue mi-raisin un gloubi-boulga formellement tarte et narrativement très maladroit. Par ailleurs Raphaël Personnaz semble perdu dans ce rôle de bras-cassé un peu couillon mais plein de bonne volonté, sévèrement mou du genou dans son implication ; Bérénice Bejo semble avoir été uniquement choisie pour la caution sexy dudit film ; quant à Guillaume de Tonquédec il s'en tire plutôt honorablement, impeccable dans sa diction mais saboté par le caractère inoffensif de son rôle de fils à papa bêtement revanchard. Un divertissement médiocre, un tantinet sympathique et parfaitement dispensable.