Au bonheur des ogres, mais pas de l'adaptation
Benjamin Malaussène a la trentaine, il travaille dans un grand magasin, il vit à Belleville avec ses frères et sœurs tous de pères différents et leur chien Julius. Leur mère est en perpétuel vagabondage avec son nouvel amoureux, et Benjamin est donc bien obligé de s’occuper de tout ce petit monde. Mais voilà, ils sont tous un peu excentriques dans la famille, ou du moins ils ont tous le petit truc qui fait que tous réunis, ils deviennent difficiles à gérer. Le moyen s’amuse à fabriquer des bombes et la plus jeune tirent les cartes pour annoncer les morts et les naissances, et cetera et cetera.
Alors que tout se passe bien, enfin pas forcément bien mais comme d’habitude, une série d’explosions a lieu au Grand magasin en pleine période des fêtes, et faisant un mort à chaque fois. Les inspecteurs mis sur l’affaire vont vite se pencher sur le cas Malaussène qui n’est autre qu’un bouc émissaire. En effet, le métier de Benjamin est Bouc-émissaire, il est là pour se faire engueuler par son patron devant les clients venus porter plainte, et ce de manière tellement forte qu’ayant pitié de lui ces derniers s’en aillent sans engager aucune procédure.
Voilà l’histoire d’Au Bonheur des ogres (1985), le premier des six romans de la saga Malaussène, écrite par Daniel Pennac. Le roman a plein de qualités. Le concept du bouc-émissaire y est employé sans retenue aucune et avec extrêmement d’humour. La famille est totalement barge, le quartier de Belleville est si vivant que l’on s’y croirait, et Tante Julia, l’amour que Benjamin rencontre dans le magasin est une journaliste qui n’a peur de rien.
L’adaptation qui en est faite ici, est comme qui dirait un film de producteur. Il n’est pas mauvais, et il est même l’occasion d’un moment plutôt agréable. En revanche, les personnages sont tout à coup beaucoup plus lisses que ceux de Pennac, les évènements dramatiques sont suggérés et le casting fait pour plaire. Tante Julia par exemple, qui dans le roman a couvert plusieurs guerres et a été poursuivie par des trafiquants, a dans le film besoin de Benjamin Malaussène, un homme, pour l’aider à descendre.
Le film est réussi pour un divertissement d’un dimanche après-midi pluvieux mais il ne faut pas y aller en espérant retrouver toute la force du roman de Daniel Pennac, car l’adaptation n’a pas été faite dans ce but.