C'est lent, c'est long et c'est bien
Avant de s'attaquer à ce film une mise en garde s'impose. Attention ce film dure 3h50 et doit comporter une centaine de plans, le rythme y est assez lent, et surtout soyez prévenu que ces 230 minutes valent le coup tant Théo Angelopoulos maitrise le plan le séquence à la perfection et avec sa manière qui lui est propre. On y oscille entre le rire et la terreur et le temps, une fois que l'on a passé une heure devient totalement flou et on embarque puis débarque de ce voyage avec un grand plaisir.
L'histoire est celle d'une troupe de 9 comédiens qui parcourent la Grèce pour jouer le drame pastoral Golfo la bergère, et dont la tournée sera sans cesse perturbé par les événements en cours dans ce pays. Au fil des treize ans que Théo Angelopous nous donne à suivre, les comédiens vivent également leurs histoires passionnelles, tiraillé par les passions, les engagements politiques et/ou militaires, les liens de filiations. Les affinités dans le groupe se font et se défont au gré du périple et des changements que connait le pays.
De la dictature de Métaxas à l'arrivée au pouvoir du maréchal Papagos, en passant par l'occupation nazie et la guerre civile, le tout dans autour d'une pièce pastorale joué par une troupe dont le sort se rapproche de celui des Atrides cette famille de la mythologie Grecque maudite par les dieux, c'est bien toute l'histoire de la Grèce qu'Angelopoulos nous fait vivre ou plutôt le poids d'un passé, le désir de ne pas reproduire des erreurs,la force des convictions politiques, et les convictions personnelles guidant les actions de chacun.
Bien que jugé trop à gauche par le gouvernement en place à sa sortie, le film n'est pas moralisateur et ne dicte pas un comportement à suivre. Il met juste en scène et filme d'une manière plus que maitrisée des évènements qui se croisent et se répondent et auxquels des individus prennent part.
À voir si vous avez du courage, si vous aimez la lenteur et la longueur justifié