Loin de tout réalisme grossier caractérisant majoritairement ce qui a été fait auparavant sur le sujet des sans abris, ce documentaire prend un parti pris poétique et nous présente des personnages tour à tour rieur, soucieux, philosophes, humains tout simplement et dignes avant tout. Ils apparaissent alors comme les derniers témoins d'une sagesse acquise suite à leurs errements dans une ville à la beauté éternelle. Car Paris est mort, abandonné de toute âme qui vive. Cette glaciation se transmet à la caméra, qui est elle aussi totalement figée, mettant en scène des tableaux de cette intimité à ciel ouvert. C'est donc par un sens prodigieux du cadre que le réalisateur filme ses reclus de la société qui sont pour la première fois précisément à leur place : au centre de l'image. Sans eux il n'y a rien. Ils viennent apporter de la chaleur à cet univers oppressant, ils sont les fantômes grandioses au bord du monde, apportant une lueur d'espoir dans la nuit urbaine, enfin.